ßle Milliau du trégor
Longue d’un kilomĂštre, disposant de ressources d’eau douce et d’une terre agricole riche, c’est l’Ăźle qui a Ă©tĂ© la plus habitĂ©e du TrĂ©gor. Elle a de tout temps attirĂ© les hommes : au nĂ©olithique (-6000 av J.C.) les premiers occupants dressĂšrent lâallĂ©e couverte. Ensuite des moines Ă©vangĂ©lisateurs (VIĂšme siĂšcle) bĂątirent la cellule monastique. Puis le premier corps de ferme fut construit Ă la fin du Moyen Age.
Construit Ă proximitĂ© dâune source, il hĂ©bergera pendant des siĂšcles des gĂ©nĂ©rations dâagriculteurs et ce jusquâĂ la fin des annĂ©es 1950. TransformĂ© en gĂźtes d’Ă©tape de 17 places, il accueille aujourdâhui randonneurs et amoureux de nature.
Depuis 1945, et l’appartenance au Conservatoire du littoral, le site est protĂ©gĂ© et cela a permis de recrĂ©er une biodiversitĂ© perdue par les siĂšcles d’occupation humaine.
LâĂźle Milliau au coeur de la CĂŽte de Granit Rose
LâĂźle Milliau sâest sculptĂ©e au fil des siĂšcles dans le Granit Rose surgi du magma il y a 300 millions dâannĂ©es.
Avec ses 1 Km de long et ses 300 mĂštres de large pour une surface de 23 hectares, c’est la plus grande des Ăźles trĂ©goroises.
ReliĂ©e au continent Ă marĂ©e basse, et s’Ă©tendant au-delĂ du chaos granitique du Castel, lâĂźle Milliau, a gardĂ© un charme sauvage. Ă mesure que la mer recouvre le tombolo sableux de lâĂźle la plus mĂ©ridionale du TrĂ©gor, de violents courants se forment, interdisant tout passage. ArrivĂ© sur la partie orientale de lâĂźle, un chemin pentu sâĂ©lĂšve Ă travers bois. Milliau est une terre haute et massive culminant Ă 52 mĂštres recouverte d’une vĂ©gĂ©tation diverse reconstituĂ©e depuis son acquisition par le Conservatoire du Littoral.
Il y a prĂšs de 6000 ans, lâĂźle Milliau, frĂ©quentĂ©e par les hommes du nĂ©olithique, faisait encore partie du continent et Ă©tait une colline de bord de mer.
Cette situation de promontoire pourrait expliquer la prĂ©sence, pour lâĂ©lĂ©vation, dâune allĂ©e couverte, construction mĂ©galithique destinĂ©e aux dĂ©funts et aux rassemblements spirituels. Des populations successives vivront sur lâĂźle en pratiquant pĂȘche, chasse, cueillette, culture et Ă©levage. Des traces de huttes gauloises attestent la prĂ©sence de ce peuple Celte.
Au dĂ©but du Moyen-Ăge, des moines Ă©vangĂ©lisateurs venus du Pays de Galles ou dâIrlande – dont Milliau qui a donnĂ© son nom Ă l’Ăźle et fondĂ© la paroisse Ploumilliau Ă quelques lieues du site – y bĂątiront une cellule monastique semi-enterrĂ©e couverte de dalles massives, aujourdâhui intĂ©grĂ©e dans lâangle extĂ©rieur du gĂźte.
Milliau fut Ă©galement une Ăźle dâagriculture oĂč nombre de paysans exploiteront ses terres fertiles riches en loess, particules minĂ©rales soulevĂ©es des fonds marins jadis assĂ©chĂ©s et transportĂ©es par les vents glaciaires.
Le premier corps de ferme fut construit à la fin du Moyen Age et a abritant plusieurs générations de paysans jusque dans les années 1930.
LâĂźle connut par la suite une pĂ©riode faste et festive au XXĂšme siĂšcle en devenant la propriĂ©tĂ© de Lucie Jourdan, amie dâAristide Briand. Ă la mort de celui-ci, l’Ăźle tomba lentement en dĂ©suĂ©tude avant de devenir la propriĂ©tĂ© du Conservatoire du Littoral.
Cogestion pour la conservation de l’Ăźle
Acquise par le Conservatoire du Littoral en 1984, co-gĂ©rĂ©e par la commune de TrĂ©beurden et la CommunautĂ© dâagglomĂ©ration de Lannion TrĂ©gor, Miliau fait depuis lâobjet de mesures de gestion concertĂ©es.
Des cheminements ont été aménagés pour permettre une découverte respectueuse des différents habitats.
Pour Ă©viter la fermeture du milieu par le fourrĂ© prĂ© forestier, lâentretien des prairies est assurĂ© par le pĂąturage de moutons dâOuessant.
Des zones envahies par les fougÚres et les ronces sont réguliÚrement réouvertes lors de chantiers de coupe et de fauche.
La forĂȘt de lâĂźle, constituĂ©e dâanciens peuplements de rĂ©sineux introduits, est progressivement rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e par la plantation de feuillus tels le frĂȘne, lâorme champĂȘtre ou le hĂȘtre.
Sur le versant Sud-Ouest (versant marin), le vent et les embruns imposent leur loi, ce qui explique que la vĂ©gĂ©tation ne s’y dĂ©veloppe que trĂšs peu. On y trouve plutĂŽt des ajoncs, de la bruyĂšre… Alors que sur le versant Nord-est (versant continental), on y trouve des chĂȘnes, chĂątaigniers, mais aussi des fleurs comme les arums, narcisses, primevĂšres, jacinthes…
Une riche biodiversité protégée
Les fourrĂ©s abritent merles, rouge-gorges, grives…tandis que les marĂ©es dĂ©couvrent de vastes estrans, terrains de pĂȘche des goĂ©lands, aigrettes, hĂ©rons,…
Coques, couteaux et palourdes y ont Ă©lu domicile ainsi que lâabondante faune marine prĂ©sente sur les cĂŽtes rocheuses. 47 espĂšces dâoiseaux ont Ă©tĂ© observĂ©es sur lâĂźle, 32 sây reproduisent. Ă marĂ©e basse, les huĂźtriers pie, de leurs pattes et bec rouges, Ă©cument la grĂšve Ă la recherche de mollusques tandis que les tournepierres Ă collier, en livrĂ©e brunĂątre dâhiver, dĂ©placent inlassablement algues, coquilles et petits cailloux.
Il est frĂ©quent d’observer la fauvette pitchou entre les landes Ă bruyĂšres et ajoncs. Le couple de renards rĂ©sident permet de rĂ©guler la nombreuse population des lapins de garenne qui abroutissent les pelouses rases.
ProtĂ©gĂ© et rĂ©novĂ© dans lâesprit des lieux, le patrimoine bĂąti reste cependant fragile, notamment en ce qui concerne lâallĂ©e couverte. Un piĂ©tinement trop marquĂ© Ă ses abords risque dâen dĂ©chausser les piliers, aussi est-il prĂ©fĂ©rable dâadmirer ce monument Ă distance.
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