Les Embiez un refuge naturel méditerranéen, une île durable exemplaire
Les Embiez sont nés de l’union de l’île Saint-Pierre des Embiez et de l’île de la Tour Fondue, avec un ancien marais salant comme trait d’union. Les Embiez font partie d’un archipel formé d’un chapelet d’îles et d’îlots, dont le Grand et le Petit Rouveau ainsi que le Grand et le Petit Gaou, qui protègent la rade du Brusc.
À la frontière entre Provence orientale et Provence occidentale
Située à la frontière entre la Provence occidentale et la Provence orientale, l’île se distingue par la diversité de ses écosystèmes. Entre roche calcaire sèche et schiste cristallin plus humide pousse une végétation façonnée depuis des millénaires par la mer, le soleil, les embruns et surtout par les activités de l’homme qui y a principalement exploité des salines et de la vigne.
D’après un document des douanes, la vigne existerait sur l’île depuis 1902. Le sol argilo-calcaire et schisteux de l’île des Embiez et son fort ensoleillement en font un terroir bien spécifique. L’exploitation du vignoble a été relancée par Paul Ricard, créateur du célèbre Pastis et mécène amoureux de la mer, qui a racheté l’île en 1958. Aujourd’hui, le vignoble est exploité en agriculture raisonnée et produit 32 000 bouteilles de vin rosé par an. Il s’étend toujours sur 10 ha en bord de mer ou perchés sur les petites collines, répartis en AOC Côtes de Provence et en Vin de Pays du Var.
Un climat méditerranéen marin
Les Embiez bénéficient d’un agréable climat méditerranéen avec des étés chauds et secs – la température moyenne en été est de 28°C – et les hivers doux et humides – la température moyenne en Janvier n’est jamais inférieure à 5°C.
L’île jouit d’un niveau élevé d’ensoleillement avec une moyenne annuelle de 2900 heures et des précipitations annuelles de 700 mm, principalement en hiver et durant l’automne.
L’île est souvent frappée par des vents forts dont le Mistral, soufflant d’ouest en nord-ouest et du Marin, d’est vers le sud-est, ce qui augmente la sécheresse.
Découverte d’une île nature accessible à tous
La nature règne sur la plus grande partie de l’île où les voitures sont bannies – à l’exception de quelques véhicules électriques de service. Les piétons et cyclistes sont les bienvenus pour circuler sur cette petite île de 95 ha qui s’étend sur 1,2 km de long et 1,4 km de large.
L’île a été aménagée pour y découvrir la nature en douceur. Les sentiers pédestres emmènent les visiteurs à travers ses pinèdes, ses vignes et le long de ses criques enchanteresses et de ses petites plages bordées d’une mer limpide.
Les Embiez un modèle du tourisme durable
Véritable pionnier du tourisme responsable, Paul Ricard a aménagé les Embiez « en bonne intelligence avec la nature » afin d’en faire « un séjour idéal de repos et de vacances, avec tout ce qu’il faut pour être heureux ». Une volonté encore respectée aujourd’hui par ses successeurs qui visent à faire des Embiez une île durable exemplaire. Conscients de la fragilité de cette île exceptionnelle, visiteurs, habitants et pouvoirs publics sont de plus en plus attentifs au respect d’un comportement environnemental et éthique. La lagune du Brusc a été inscrite au réseau Natura 2 000 en 1999 pour son caractère exceptionnel sur la façade méditerranéenne. La zone protégée s’étend sur une zone marine de 504 hectares comprenant toute la périphérie de l’île des Embiez. L’ensemble du plan d’eau est interdit au piétinement et à la navigation, que ce soit avec des engins à moteur ou des engins de plage à l’exception des kayaks. Créé en 1966 pour lutter contre la pollution marine, l’Institut Océanographique Paul Ricard s’est imposé comme prestataire scientifique du site Natura 2 000 des Embiez, qui représente un outil de protection environnemental efficace et un levier essentiel de développement local et de valorisation du patrimoine naturel. L’institut océanographique se concentre depuis 40 ans sur l’amélioration de la qualité des eaux littorales et sur la sauvegarde des espèces emblématiques méditerranéennes, tout en sensibilisant plus de 50 000 visiteurs par an.
Côté terrestre, les pinèdes sont entretenues et ceinturées de brumisateurs pour prévenir les incendies et l’île sans voiture est devenue un refuge de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Les ornithologues y viennent régulièrement pour observer les oiseaux résidents et sédentaires rarement observés à terre, tels que le gravelot, le cormoran, le héron cendré ou le martin-pêcheur…
De gros efforts sont déployés pour éliminer les déchets solides et liquides, promouvoir les énergies nouvelles ; un parc de véhicules électriques a notamment été créé. En ce qui concerne l’eau et l’électricité, les Embiez sont raccordés au continent. Sept pompes de relevage dispersées sur l’île sont reliées au tout à l’égout du continent et peuvent être contrôlées depuis la capitainerie. Par ailleurs, un projet de rejet des eaux usées en profondeur est en cours. Quant au port, certifié « port propre », il n’a pas été construit sur la mer mais sur d’anciennes salines, limitant ainsi son impact sur la Méditerranée, déjà fortement menacée.
Une escale de rêve et un port de plaisance exemplaire
Enclavé au nord de l’île, le port de plaisance Saint-Pierre des Embiez est un abri sûr pour les plaisanciers par tous temps. Avec ses 750 anneaux, cet agréable port bordé de pins et de fleurs peut également accueillir 150 bateaux en escale. Construit en 1963 sur une partie des anciennes salines, il est certifié ISO 14001 et a obtenu le label de qualité « Pavillon Bleu ».
Événements maritimes
Diverses activités et festivals marquent les saisons, y compris un certain nombre de régates comme la Fête des Pointus (Les bateaux de pêche de Provence), la Fête des vendanges (fête de la moisson de vin) et la Fête de la mer (festival de la mer).
Un riche passé historique
Abris naturel protégé par le Cap Cisié, l’île des Embiez a toujours été un refuge pour les marins, les pêcheurs, les pirates et les marchands depuis le temps des Phocéens.
Des vestiges de vaisselle grecque datant du 5ème siècle avant JC ont été découverts sur l’île, témoignant de la présence de marins – pêcheurs ou navigateurs. Des fouilles sous-marines entreprises en 1998 au large de la Tour Fondue ont montré l’existence de plusieurs épaves massaliètes et gréco-italique. Les restes des amphores massaliètes remontent au Vème siècle av. J.-C., tandis que ceux du chargement gréco-italique remontent à la fin du III e siècle av. J-C.
Vers l’an 950, les moines de Saint-Victor de Six-Fours construisirent un port d’embarquement afin d’exploiter les marais salants au nord de l’île. Le sel est ensuite devenu la principale ressource de l’époque. Cette denrée chère et précieuse était essentielle pour la conservation des aliments.
En 1520, un natif de Six-Fours a fait de l’île son arrière-fief avec l’approbation du roi Henri IV. Un fort a été construit au sommet de l’île sous le roi François 1er. Après diverses successions, il est devenu une propriété de l’État au cours de la Révolution française en 1789. Selon un document douanier, la viticulture se fait sur l’île depuis 1902 et est toujours florissante aujourd’hui.
En 1938, une rencontre mémorable a eu lieu à Embiez entre Philippe Tailliez, passionné de plongée sous-marine, Frédéric Dumas, chasseur sous-marin de renom de Sanary et le commandant Jacques-Yves Cousteau. C’est dans le fond marin de l’archipel en 1942 que le trio Tailliez-Cousteau-Dumas, appelé les « trois mousquetaires », a réalisé le premier film sous-marin français avec des moyens limitées. L’année suivante, le film, « Epaves », a été réalisé à l’aide d’un « Cousteau-Gagnan » aqua-poumon, qui a été inventé pour l’occasion.
En 1958, Paul Ricard a acheté l’ensemble de l’île avec l’ambition d’en faire un lieu de détente et de loisirs accessibles à tous. L’île a été développée en harmonie avec la nature et est devenu un modèle de tourisme durable.
L’intérêt de Paul Ricard pour l’habitat marin a été démontré dans divers domaines, y compris la navigation. L’homme d’affaires a notamment soutenu Eric Tabarly en finançant son hydroptère. Le 01 Août 1980, le grand navigateur a fait la traversée de l’Atlantique en 10 jours et 5 heures à bord du Paul Ricard, brisant par deux jours le record du monde précédemment détenu par Charlie Barr depuis 1905.