Un exemple frappant de la dégradation accélérée de la santé des écosystÚmes marins
Dans leur Ă©tude, publiĂ©e en Juillet dans la revue PLoS ONE, les scientifiques de lâUniversitĂ© de Colombie-Britannique ont regroupĂ© six dĂ©cennies de donnĂ©es sur plus de 500 colonies nicheuses de 162 espĂšces d’oiseaux de mer, soit la moitiĂ© du nombre total de 324 espĂšces, reprĂ©sentant 19% des populations d’oiseaux marins au monde. Un Ă©chantillon reprĂ©sentatif, et donc largement suffisant pour Ă©tablir que le dĂ©clin marquĂ© constitue assurĂ©ment une tendance lourde. Qui plus est, les donnĂ©es sur les espĂšces proviennent de nombreux sites cĂŽtiers situĂ©s dans plusieurs rĂ©gions du monde.
« Ces dĂ©clins marquĂ©s et rapides sont une preuve tangible de la dĂ©gradation des Ă©cosystĂšmes marins provoquĂ©e par lâactivitĂ© humaine »
« Les oiseaux de mer sont de particuliĂšrement bons indicateurs de la santĂ© des Ă©cosystĂšmes marins. Lorsque lâon constate un dĂ©clin dâune telle ampleur, on peut voir que quelque chose ne va pas avec nos Ă©cosystĂšmes marins. Cela nous donne une idĂ©e de lâimpact global que nous avons. » explique Michelle Paleczny, coauteure de lâĂ©tude.
LâĂ©tude souligne ainsi que les populations dâoiseaux sont menacĂ©es par divers types dâempĂȘtrements dans des engins de pĂȘche, mais aussi par les impacts de la surpĂȘche pratiquĂ©e Ă lâĂ©chelle de la planĂšte. Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Science a en effet dĂ©jĂ dĂ©montrĂ© que plusieurs espĂšces sont directement menacĂ©es de famine en raison de la disparition des proies dont elles se nourrissent.
Les oiseaux sont en outre exposĂ©s Ă plusieurs formes de pollutions, dont celle des contaminants rejetĂ©s dans lâenvironnement, ou encore celle provenant de lâexploitation de ressources Ă©nergĂ©tiques, comme le pĂ©trole. Ils peuvent aussi subir les contrecoups de la destruction de leurs habitats, au nom du dĂ©veloppement cĂŽtier, ou encore de lâintroduction dâespĂšces invasives.
En analysant les populations les mieux contrĂŽlĂ©es, les chercheurs ont trouvĂ© des changements massifs sur cinq des populations aviaires les plus abondantes de la planĂšte. Les sternes fuligineuses de la PolynĂ©sie française et des Orcades du Sud, les pĂ©trels au doux plumage et des Kerguelen Ă©tablies sur les Ăźles Sandwich et les cormorans Guanay au PĂ©rou reprĂ©sentaient plus de 30% du nombre total d’oiseaux de mer dans la population Ă©chantillonnĂ©e en 1950, d’aprĂšs les scientifiques. Or « toutes ces populations ont Ă©tĂ© rĂ©duites Ă moins de 5% de leur taille initiale en 2010 ».
Les efforts de conservation fructueux doivent ĂȘtre poursuivis sur une plus large Ă©chelle
Alors que certaines petites populations d’oiseaux marins ont augmentĂ© au cours de la mĂȘme pĂ©riode, leur nombre est loin d’ĂȘtre suffisant pour compenser les pertes au sein des grandes populations.
Paleczny et ses co-auteurs ont notĂ© par ailleurs que certains efforts de conservation ont Ă©tĂ© couronnĂ©s de succĂšs, comme l’interdiction de chasse des oiseaux de mer, l’Ă©radication des espĂšces introduites se nourrissant au sein des colonies nicheuses, et la rĂ©duction des enchevĂȘtrements dans les filets de pĂȘche. Mais ceux-ci auraient besoin d’ĂȘtre Ă©tendus sur une plus large Ă©chelle pour pouvoir renverser la tendance gĂ©nĂ©rale.
« Notre travail dĂ©montre la forte nĂ©cessitĂ© d’accroĂźtre les efforts de conservation des oiseaux de mer Ă l’Ă©chelle internationale » a conclu Paleczny dans la dĂ©claration.