Particularités géographiques de Molène
À l’époque de la période glacière, l’archipel de Molène était une presqu’île de près de 300 Km2 soudée au continent. Ce n’est qu’à la fonte des glaciers, qu’une élévation des eaux transforma cette presqu’île en une douzaine d’îlots.
Aujourd’hui, l’archipel de Molène est constitué de l’île principale et d’une quinzaine d’îlots.
Plus de 210 habitants vivent encore aujourd’hui sur ce petit bout de terre rond qui s’étend sur moins d’1 Km de long et sur 900 m de large, soit une superficie de 75 hectares. Les Molènais sont concentrés dans les habitations dispersées autour du port, au sud-est de l’île. Molène signifie « l’île Chauve » en breton à cause du paysage plat et démuni d’arbres.
Conditions climatiques de l’île
Commun à pratiquement toute la côte du Finistère, le climat à Molène est doux en hiver et tiède en été, l’amplitude thermique entre les moyennes hivernales et estivales ne dépassant pas les 10°C. Sans parler de « microclimat », il n’est pas rare de constater un ensoleillement supérieur sur l’île par rapport au continent. Pourtant, du fait de sa situation géographique, l’île est soumise à des conditions météorologiques particulièrement rudes dues à l’action combinée de la houle, générée au large par les vents et des courants de marée, qui sont parmi les plus forts d’Europe. Les conditions de mer peuvent parfois être très dangereuses entre les écueils de l’archipel et sont redoutées par les navigateurs.
Politique environnementale des autorités locales
Pas de voiture à Molène, à l’exception de 3 ou 4 véhicules servant aux commodités de l’île, tel que le taxi, pratique pour transporter les visiteurs jusqu’à leur hébergement pour une somme modique. Molène possède en outre son ambulance ainsi qu’un petit camion de ramassage des ordures. Les véhicules à 2 roues motorisés y sont interdits depuis une vingtaine d’années.
Eau
L’eau de pluie est récupérée dans les citernes individuelles ainsi que dans l’impluvium créé en 1976. Mais c’est seulement depuis 1989 que l’île est devenue complètement autonome en eau, depuis que le sourcier Pierre Stervinou a découvert de l’eau souterraine ! Grâce à 3 forages de 21, 23 et 52 mètres réalisés à la suite de la découverte, l’eau n’est plus rationnée sur l’île mais il faut de même limiter sa consommation.
Électricité
À Molène, la production d’électricité est assurée par trois groupes électrogènes de 150, 225 et 320 kVA qui consomment plus de 100 000 litres de fioul par an. Afin d’économiser et de maîtriser les consommations d’électricité, un programme de maîtrise de l’énergie et de production d’énergies renouvelables a été mis en place en juin 2009 par le Conseil régional de Bretagne, le Conseil général du Finistère, EDF et l’Ademe. Les Molènais ont reçu gratuitement des ampoules basse consommation ainsi que des économiseurs d’eau et bénéficient également d’une aide de 60% pour l’achat d’un appareil de froid plus écologique. Le programme vise également à favoriser la production décentralisée d’électricité par énergies renouvelables à concurrence de 75 kWc d’énergie photovoltaïque. L’objectif du programme est de diminuer les consommations d’énergie de 16%.
Environnement maritime de l’archipel
C’est l’un des endroits les plus sauvages de Bretagne. Véritable paradis naturel réputé pour sa faune et sa flore préservée, Molène attire les plaisanciers pendant la période estivale.
L’archipel est posé sur un plateau d’écueils et de rochers à fleur d’eau et il est donc fortement recommandé de vérifier les conditions météo et les marées et de disposer d’une bonne carte pour y naviguer.
Si par beau temps, l’archipel apparaît comme un havre de paix reposant sur des eaux limpides, les habitants savent que la mer peut changer d’humeur et peut devenir très dangereuse, emportant sur son passage jusqu’au clocher de l’église lors d’un violent orage en 1971 !
Un site marin sous haute protection
La richesse de l’archipel de Molène est reconnue par un nombre important de dispositifs réglementaires lié à la protection de la nature : site du Conservatoire du Littoral, réserve Naturelle, réserve de chasse et de faune sauvage, réserve de biosphère… Gérée par le Parc naturel régional d’Armorique depuis sa création en 1988, la Réserve de Biosphère de la mer d’Iroise est la seule réserve de biosphère insulaire de France métropolitaine. Elle bénéficie de la proximité d’un pôle de recherche sur le littoral et la mer installé à Brest. Elle s’étend sur 20 600 hectares et comprend les îles habitées de Ouessant et Molène ainsi qu’un archipel constitué d’une vingtaine d’îlots situés sur le territoire communal du Conquet.
Réserve naturelle de la mer d’Iroise
Créée en 1992, la Réserve naturelle de la mer d’Iroise a permis d’interdire la chasse et la cueillette sur les îles de Balanec, Bannec et Trielen, et d’en contrôler l’accès, notamment durant les périodes de reproduction des oiseaux, tels que les goélands bruns, argentés et marins, la sterne caugek, la sterne pierregarin, l’huîtrier-pie et le grand gravelot. D’une superficie totale de 39,5 ha, la réserve est gérée par l’association Bretagne Vivante SEPNB qui propose au grand public de découvrir ces espaces protégés au sein de la Maison de l’environnement insulaire, située à Molène.
Parc Naturel Marin d’Iroise
Créé en 2007, le Parc Naturel Marin d’Iroise est le premier du genre en France. Son but principal est de protéger ce patrimoine exceptionnel qui compte entre autres de nombreuses espèces d’oiseaux marins ainsi que des groupes résidents de grands dauphins et de phoques gris, et recèle plus de la moitié des espèces d’algues présentes dans toutes les mers d’Europe. Son rôle consiste également à préserver une activité économique durable au sein du parc marin.
Observatoire marin câblé
L’observatoire sous-marin câblé pilote MeDON (Marine e-Data Observatory Network) a été déployé en juin 2012 au large de Molène à 20 mètres de fond. Véritable laboratoire immergé, MeDON transmet des données sur les fonds marins en temps réel à travers un câble de 2 km qui le relie à l’île. Les chercheurs des organismes participant à l’opération ( l’ENSTA, l’Ifremer, le Plymouth Marine Laboratory et l’Université de Plymouth ) peuvent dorénavant surveiller en temps réel les courants, la houle, le taux de salinité ou encore les températures et mener des études d’impact du réchauffement climatique ou encore de l’évolution des populations de mammifères marins dans une zone à forte pression anthropique (trafic maritime, pêche, plaisance…). Cet observatoire permet aussi aux gestionnaires des aires marines protégées d’utiliser ces données pour détecter toute formes de pollutions et mieux anticiper les crises.
Le patrimoine de l’archipel, un enjeu crucial pour l’avenir
Pourtant, l’ensemble des dispositifs réglementaires mis en place au fil des ans, se superposent tel un millefeuille de mesures de protection dans lequel le sort des insulaires n’est pas souvent pris en considération. Les Molénais, dont la population est décroissante, s’attendaient à voir se développer des activités professionnelles liées à la mise en valeur de leurs formidables patrimoines naturel et culturel. Si les plaquettes de présentation de l’archipel sont belles, le sort des insulaires est moins reluisant, faute de volonté politique pour soutenir durablement une activité économique durable. À défaut d’emplois, les Molénais – et principalement la nouvelle génération – sont contraints de s’installer sur le continent et l’avenir de l’île demeure plus préoccupant que jamais. Un constat d’autant plus déplorable que l’archipel possède un potentiel conséquent pour y développer des pratiques de pêches artisanales et des activités nautiques et touristiques respectueuses du milieu marin.
Particularités culturelles et économiques de Molène
La plupart des onze îles et îlots qui constituent l’archipel de Molène étaient encore habitées dans la première moitié du 20e siècle, par des familles de paysans qui y cultivaient la pomme de terre et le seigle.
Avec ses fonds poissonneux et son port bien abrité, Molène a toujours été une île de marins dont la pêche côtière était la principale activité. Bien que les bateaux appartenaient à des armateurs du Conquet, les équipages étaient molénais. Aujourd’hui, trois bateaux arment encore à la pêche professionnelle, permettant le maintien de quelques emplois traditionnels.
Au XIXe siècle, la production de soude par brûlage des grandes laminaires brunes a également fait vivre nombre de goémoniers molénais et continentaux qui débarquaient avec chevaux et outils pour récolter, sécher et brûler le goémon. Une fosse dallée de pierres qui servait à brûler le goémon est encore visible sur l’île et a été mise en valeur.
Aujourd’hui, ce sont des goémoniers de Plouguerneau qui exploitent les fonds molénais reconnus comme le plus grand champ d’algues d’Europe. Ces goémoniers des temps modernes utilisent des navires équipés de « scoubidous », bras articulés permettant de récolter les algues.
Développé dans les années 1960, le tourisme génère aujourd’hui une part croissante de l’activité économique de l’île. Alors que le tourisme pour une visite à la journée pendant l’été est important, des efforts sont faits pour promouvoir des séjours plus longs tout au long de l’année qui permettraient de mieux valoriser l’île et de générer d’autres revenus.
Point historique remarquable des Molènais
Excellents marins, les Molènais étaient également connus comme des sauveteurs héroïques, n’hésitant pas à participer aux opérations de sauvetage en mer les plus périlleuses, dont le fameux naufrage du paquebot anglais le « Drummond Castle » en 1896. Les quelques objets témoignant de ce naufrage sont exposés au sein du sémaphore qui est ouvert aux visites. Il est encore possible d’observer le réservoir d’eau offert par la reine Victoria aux îliens, en gratitude de leur geste héroïque pour sauver les naufragés britanniques.