ParticularitĂ©s gĂ©ographiques dâOuessant
Câest la terre la plus occidentale de la France mĂ©tropolitaine.
Son plateau culminant sâĂ©levant Ă 60 mĂštres au-dessus du niveau de la mer, Ouessant est une vĂ©ritable Ăźle. Elle se trouvait dĂ©jĂ en situation insulaire, il y a 12 000 ans, Ă la fin de lâĂšre glaciaire.
Dernier fragment occidental de la pĂ©nĂ©plaine armoricaine, elle est sĂ©parĂ©e du continent par la faille du Fromveur, dont le courant marin froid et puissant est redoutĂ© par tous les navigateurs. Selon leur exposition aux vents et leur composition gĂ©ologique (granit ou micaschiste), les cĂŽtes de lâĂźle sont escarpĂ©es ou parĂ©es de jolies baies de sable blanc, mais toutes offrent un spectacle grandiose.
Si la cĂŽte sud-est recouverte dâune vĂ©gĂ©tation rase de landes, de bruyĂšres et dâajoncs, le vallon verdoyant dâArland abrite les quelques rares arbres de lâĂźle. Dans les jardins poussent des camĂ©lias, fuchsias, agaves, aloĂšs et agapanthes qui sâĂ©panouissent sous les embruns grĂące Ă la douceur annuelle du climat.
Longue de huit kilomĂštres et large de quatre, lâĂźle a une forme rappelant celle dâune pince de crabe, caractĂ©risĂ©e par les deux pointes Ă lâouest qui encadrent la baie de Lampaul, le village principal.
LâĂźle compte prĂšs de 850 habitants (recensement de 2015). En un peu plus de 30 ans, de 1968 Ă 1999, la population Ouessantine a vu son nombre passer de 1800 habitants Ă 930, principalement du fait de lâĂ©migration massive sur le continent.
Climat tempĂ©rĂ© par lâinfluence maritime
Ouessant bénéficie de températures douces et réguliÚres.
LâĂźle enregistre dâailleurs lâune des plus faibles amplitudes thermiques de France : 8,5°C
- moyenne de janvier : 9°C ;
- moyenne dâaoĂ»t : 17,5°C.
Si les prĂ©cipitations sont moins abondantes que sur le continent, les vents soufflent toute lâannĂ©e avec une dominante dâouest : le Kornog (ouest en breton) qui est un vent souvent violent.
On compte une vingtaine de tempĂȘtes par an en moyenne avec des pics en fĂ©vrier, oĂč les vents peuvent atteindre force 9 (41 à  47 noeuds) et plus sur lâĂ©chelle de Beaufort. Des « coups de tabac », avec des pointes de 180 Km/h ont plusieurs fois Ă©tĂ© enregistrĂ©s au sĂ©maphore du CrĂ©acâh.
LâĂźle a notamment Ă©tĂ© sinistrĂ©e en 1930 et en 1960.
Politique environnementale des autorités locales
Avec ses Ă©tendues de bruyĂšre sauvage et ses cĂŽtes dĂ©chiquetĂ©es par les vagues puissantes de la Manche et de lâAtlantique qui nâont laissĂ© que quelques rares plages de galets, Ouessant est une destination dâexception pour les amoureux du grand large et les naturalistes dans lâĂąme.
Une ßle protégée
IntĂ©grĂ©e au parc naturel rĂ©gional dâArmorique depuis 1969, lâĂźle a Ă©tĂ© classĂ©e avec MolĂšne « rĂ©serve de biosphĂšre de la mer dâIroise » par lâUNESCO en 1988, et fait partie du Parc Marin dâIroise crĂ©Ă© en 2007.
LâĂźle est riche de plus de 500 espĂšces de vĂ©gĂ©taux et est considĂ©rĂ©e comme une rĂ©serve ornithologique trĂšs importante.
Ouessant compte 150 Ă 200 espĂšces dâoiseaux rĂ©sidents et accueille chaque annĂ©e plus de 400 oiseaux migrateurs.
DĂšs le printemps et jusquâĂ la fin de lâĂ©tĂ©, le Centre dâĂ©tude du Milieu dâOuessant et la Maison du Parc RĂ©gional dâArmorique proposent des animations nature qui permettent de dĂ©couvrir lâavifaune et les milieux naturels dâOuessant.
Traitement des déchets
Organisation, tri, recyclage⊠Une dĂ©chĂšterie est dĂ©sormais opĂ©rationnelle sur lâĂźle.
Lâassociation environnementale Pointe Sud a mis en place une commission qui sâemploie Ă faire le point sur le respect du cahier des charges et des procĂ©dures.
Lâassociation se bat pour rĂ©habiliter le superbe site de Penn ar Rocâh qui prĂ©sente lâun des plus beaux points de vue de lâĂźle et qui Ă©tait utilisĂ© comme dĂ©charge Ă ciel ouvert.
ĂlectricitĂ©
Ă Ouessant, lâĂ©lectricitĂ© est produite par 2 groupes Ă©lectrogĂšnes diesel qui consomment 1,8 million de litres de fioul par anâ!
Pour rĂ©duire son approvisionnement Ă©nergĂ©tique couteux en raison de son isolement, un programme de maĂźtrise de lâĂ©nergie et de production dâĂ©nergies renouvelables a Ă©tĂ© mis en place en juillet 2009 par le Conseil rĂ©gional de Bretagne, le Conseil gĂ©nĂ©ral du FinistĂšre, EDF et lâAdeme. Les Ouessantins ont reçu gratuitement des ampoules basse consommation ainsi que des Ă©conomiseurs dâeau et bĂ©nĂ©ficient Ă©galement dâune aide de 60% pour lâachat dâappareils de froid plus Ă©cologiques.
Le programme favorise Ă©galement la production dĂ©centralisĂ©e dâĂ©lectricitĂ© par Ă©nergies renouvelables. Lâimplantation par EDF dans les annĂ©es 70 de deux Ă©oliennes nâa pas Ă©tĂ© convaincante : la premiĂšre nâa pas rĂ©sistĂ© aux tempĂȘte tandis que la deuxiĂšme nâa jamais Ă©tĂ© mise en serviceâŠ
Le projet dâhydrolienne baptisĂ©e Sabella D10 est la premiĂšre hydrolienne marine Ă avoir injectĂ© de lâĂ©lectricitĂ© sur le rĂ©seau français. A Ă©tĂ© immergĂ©e en 2015/2016 dans le Fromveur, le puissant courant marin qui borde lâĂźle et qui peut atteindre 9 nĆuds, soit 16 km/h. ActionnĂ©e par le flux et le reflux du courant, cette hydrolienne dotĂ©e dâune hĂ©lice de 10 mĂštres de diamĂštre pourra fournir jusquâĂ 500 MW dâĂ©lectricitĂ© par an, couvrant ainsi 40 % de la consommation Ă©nergĂ©tique des Ouessantins.
Dans le cadre du projet de ferme hydrolienne dénommée Eussabella, trois autres éoliennes sous-marines viendront ensuite compléter le dispositif.
Environnement maritime de lâĂźle
Le passage du Fromveur et le Cross Corsen
Avec ses Ăźlots, ses rochers Ă fleur dâeau et ses phares mythiques, il est considĂ©rĂ© comme un des hauts-lieux de la navigation.
SituĂ© entre lâarchipel de MolĂšne et Ouessant, le passage du Fromveur enregistre de trĂšs violents courants, qui peuvent atteindre jusquâĂ 9 nĆuds localement. La navigation y est extrĂȘmement dangereuse lorsque le vent est contre le courant, la mer se creusant considĂ©rablement. La navigation sans GPS et carte Ă©lectronique nâest pas conseillĂ©eâŠ
Depuis la catastrophe de lâAmoco Cadiz en 1978, une route spĂ©ciale baptisĂ©e «âle rail dâOuessantâ» rĂ©glemente ce trafic maritime.
Les phares de Ouessant
Telle une pierre précieuse, Ouessant est couronnée par 5 phares qui font partie intégrante de son histoire.
LâĂźle compte deux phares sur terre classĂ©s monuments historiques et surnommĂ©s les Purgatoires :
- Le Stiff construit en 1695, qui est le deuxiĂšme plus ancien phare de France encore en activitĂ©. La tour du Stiff est la base du centre rĂ©gional opĂ©rationnel de surveillance et de sauvetage de Corsen (Cross Corsen). PerchĂ©e sur un pilier en bĂ©ton, surplombĂ© de dizaines dâantennes et paraboles, lâĂ©quipe du centre guide les cargos dans le rail de Ouessant et organise les missions de sauvetage en cas dâavarie.
- Le cĂ©lĂšbre phare du Creacâh mis en service en 1863, qui marque la coupure entre la Manche et lâAtlantique et balise le rail dâOuessant. Identifiable par sa tour de 55 mĂštres de haut et ses bandes horizontales blanches et noires, câest lâun des phares les plus puissants au monde avec une portĂ©e de 32 miles marins.
Les phares de pleine mer sont surnommés les Enfers pour leur condition de vie rigoureuse.
- Le phare de KĂ©rĂ©on, dont le dernier gardien est parti en 2004, sâĂ©lĂšve sur le rĂ©cif de Men Tensel (pierre hargneuse en breton) dans le passage du Fomveur.
- A lâentrĂ©e du passage, le phare de La Jument vibre toujours sous lâassaut des vagues dâIroise.
- Le Nividic est le point le plus occidental de France mĂ©tropolitaine. Conçu Ă lâorigine pour fonctionner automatiquement, il fonctionne Ă lâĂ©nergie solaire depuis 1996.
Particularités culturelles de Ouessant
«âLâĂźle des Femmesâ», tel est le nom qui pourrait ĂȘtre attribuĂ© Ă Ouessant dont lâactivitĂ© Ă©conomique Ă©tait gĂ©rĂ©e par les femmes pour pallier Ă lâabsence prolongĂ©e des hommes souvent embarquĂ©s au long court dans la marine dâĂtat ou la marine marchande.
Les Ouessantines tiraient alors leur subsistance de la culture, de la collecte dâalgues et de lâĂ©levage de quelques bĂȘtes (moutons, vaches, cochons et chevaux rustiques de petite taille). Une partie de lâĂźle Ă©tait quadrillĂ©e de murets de pierres sĂšches dont certaines encore visibles aujourdâhui, pour protĂ©ger les cultures des assauts du vent et des embruns.
Les maisons ont Ă©tĂ© conçues pour rĂ©sister Ă de violentes intempĂ©ries et la plupart dâentre elles arborent encore aujourdâhui des façades blanches et des volets peints en bleu, deux couleurs traditionnellement liĂ©es Ă la Vierge Marie.
Aperçu historique
DĂšs la fin du XVIIe siĂšcle, la marine de guerre «âLa Royaleâ» sâĂ©tablit Ă Brest et rĂ©quisitionne les hommes de lâĂźle. Cet engagement forcĂ© Ă©loigne les hommes de lâĂźle pendant de longues pĂ©riodes. Les femmes prennent alors les rĂȘnes pour survivre, principalement grĂące Ă lâagriculture.
- Les Ouessantins ont été de tous les combats lors des batailles livrées au XVIIIe siÚcle contre la flotte anglaise.
- Sous les rÚgnes de Louis XV et Louis XVI, ils ont souvent donné leur vie au « service du roi ».
- Plus tard, ils ont participĂ© Ă lâaventure coloniale en sâembarquant dans la marine.
- Ă la fin du 19e siĂšcle, la majeure partie des habitants de lâĂźle Ă©tait soit pĂȘcheur ou soit canotier des bateaux de sauvetage de la SNSM mis en service depuis 1865.
Des Ouessantins se sont illustrĂ©s dans des sauvetages tels que ceux du « Drummond Castle » et du « Vesper », grĂące Ă lâintervention de Rose HĂ©rĂ©, devenue hĂ©roĂŻne nationale. François Morin est une autre figure locale du sauvetage ouessantin. Lâancien canot de la SNSM portant son nom a Ă©tĂ© restaurĂ© et reconnu « bĂątiment dâintĂ©rĂȘt patrimonial » en septembre 2010 au titre des Monuments Historiques. En 35 ans de carriĂšre Ă Ouessant, il a assurĂ© 198 sorties de sauvetage (dont celui de « lâAmoco Cadix ») et 250 transports sanitaires.
Contexte Ă©conomique maritime
Quelques pĂȘcheurs seulement vivent Ă lâannĂ©e sur lâarchipel, mais les Ouessantins nâont jamais pu faire de la pĂȘche leur activitĂ© principale comme câĂ©tait le cas pour les Ăźles voisines (MolĂšne et Sein). MalgrĂ© la prĂ©sence de fonds poissonneux au large, Ouessant ne compte aucun port naturel pouvant accueillir une flottille et ses abords maritimes peuplĂ©s dâĂ©cueils et de brisants sont trĂšs dangereux.
Les Ouessantins se sont donc tournĂ©s vers la Royale, implantĂ©e Ă Brest Ă la fin du 17e siĂšcle, et plus tard vers la marine marchande. En lâabsence des hommes partis en mer, les femmes gĂ©raient donc seules le quotidien, cultivant le seigle et lâorge, Ă©levant chevaux, vaches et moutons et empierrant les cheminsâŠ
JusquâĂ la fin du 19e siĂšcle, les liaisons avec le continent Ă©taient rares et lâĂźle vivait en quasi autarcie. Lâinstauration dâune liaison rĂ©guliĂšre en bateau et lâaugmentation des soldes des pĂšres et Ă©poux ont conduit Ă lâabandon progressif de lâagriculture et de lâusage des sols. De mĂȘme, le petit mouton noir de lâĂźle Ă©levĂ© pour sa laine a cĂ©dĂ© la place au mouton blanc Ă©levĂ© en libertĂ© essentiellement pour sa viande.
Les premiers touristes dĂ©barquent dans les annĂ©es 1850, leur nombre augmentant sensiblement en 1880 lors de la mise en service du premier bateau-courrier Ă vapeur, La Louise. Aujourdâhui, le tourisme est la principale activitĂ© Ă©conomique de lâĂźle qui accueille quelque 10â000 visiteurs chaque annĂ©e. Source dâinspiration infinie, les paysages rudes et lumineux dâOuessant et son histoire singuliĂšre attirent Ă©galement les artistes depuis la fin du 19e siĂšcle. Avec son film muet, Finnis Terrae, Jean Epstein est le premier cinĂ©aste Ă sâintĂ©resser Ă lâĂźle.
Festival Ă Ouessant
Les festivals Musiciennes Ă Ouessant et le Salon du Livre Insulaire sont devenus des rendez-vous culturels trĂšs prisĂ©s et ont permis de dĂ©velopper un tourisme qualitatif avec des sĂ©jours prolongĂ©s ; une tendance que les Ouessantins souhaitent aujourdâhui intensifier.
Le festival Ilophone, qui a lieu chaque annĂ©e Ă la mi-septembre, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans le mĂȘme esprit en dehors de la saison touristique. Le chanteur Christophe Miossec, dont le siĂšge du fan-club se trouve sur lâĂźle, est Ă lâorigine de ce festival avec son ami Yann Tiersen, qui a notamment enregistrĂ© un album sur lâĂźle.