Après avoir parcouru quelques mètres le long d’un sentier, les dalles de roches apparaissent parmi les arbres comme par magie, elles sont recouvertes de gravures de navires, de chars, de traîneaux, de guerriers, évoquant des scènes domestiques et de chasse, et certaines semblent se suivre afin de conter des histoires et enflammer notre imagination. Quelle stupéfaction que d’observer ces gravures disséminées à même la roche.
Les peintures illustrent avec une abondance et une qualité remarquables la vie et les croyances de l’âge du bronze en Europe
Dans le nord du Bohuslän, les gravures rupestres de la commune de Tanum constituent un ensemble de toute première importance sur le plan mondial, tant par leur variété (représentations humaines et animales, armes, bateaux et autres objets) que par leur unité culturelle et chronologique. Elles illustrent, avec une abondance et une qualité remarquables, la vie et les croyances de l’âge du bronze en Europe. Certains motifs reviennent tels que les navires, cupules, hommes (souvent des guerriers), animaux, voitures, araires, disques, cercles croisés. Jamais des maisons, des hommes au travail, des enfants ou autre chose qui appartient à la vie quotidienne. Et très rarement des femmes !
En fait, la gravure est un mot inexact. Les images sont faites par martelage sur le rocher. Comme instrument, on a utilisé une pierre d’une roche dure et tenace, par exemple diabase ou quartzite. La couleur rouge a été ajoutée dans le but de mettre les gravures en valeur.
Les gravures du Bohuslän se tournent vers le sud ou vers l’ouest. Il semble qu’elles aient été réalisées intentionnellement sur les rochers où il y a de l’eau qui coule, même quand il ne pleut pas.
On imagine le spectacle au lever de soleil quand les rayons du soleil se reflètent dans l’eau coulant sur le rocher. Peut-être cet effet faisait-il partie du sens de l’image ?
Vitlycke aurait été un lieu de rassemblement où on confirmait les liens unissant le monde, les hommes, la nature et les dieux par diverses cérémonies
Facilement accessibles à pied, les tumuli de Vitlycke méritent le détour. Construits par des hommes vivant à l’âge du bronze ces tombes sont devenues par la suite des signaux visuels tant pour leur société que pour les navigateurs approchant. D’après les chercheurs, ce sont autant des femmes que des hommes qui ont pu, après leur mort, accéder à cette « position élevée ».
« …Un beau jour, il y a de cela 3000 ans, leurs familles se trouvent là et scrutent le paysage dominé par les eaux profondes de la baie. Dans des bateaux, ils peuvent voir des hommes jeter leurs filets. Des chèvres, des moutons et des vaches paissent dans les prés du rivage et plus loin se dessinent quelques lopins cultivés. De la forêt de feuillus sortent des chasseurs portant un cerf, et dans la baie, des bateaux s’approchent. De tous côtés du rivage, on afflue : c’est le moment d’apprendre ce qui s’est passé ailleurs depuis la dernière rencontre. Quelques uns des voyageurs reviennent de loin et apportent des métaux recherchés. On peut échanger des peaux, du miel et des produits tirés de la laine contre des pièces de métal fondu, des bijoux, des armes. C’est le crépuscule. Les visages luisent à la clarté du feu et un fumet agréable chatouille les narines. Tout porte à croire que Vitlycke était un lieu de rassemblement où on confirmait les liens unissant le monde, les hommes, la nature et les dieux par diverses cérémonies. Il est possible que ce soit à de telles occasions qu’une partie des gravures rupestres de Vitlycke ont vu le jour. »
L’urgence de réduire la pollution pour préserver ces précieuses peintures
L’existence de l’art rupestre est menacé par la pollution. Les figures sont taillées dans du granit et ont résisté à l’effritement pendant 3000 ans. Actuellement, l’atmosphère de l’Europe est saturée de sulfure des usines et des voitures, et les minéraux dans le granit ont commencé à se dissoudre. Alors les rochers perdent leur pouvoir de résistance contre la gelée, les changements de température et le piétinement.
Des efforts sont entrepris pour sauver les roches gravées. Mais, si on veut être certain que ce trésor sera préservé aux futures générations, une seule mesure peut nous aider : la réduction de la pollution.
Les archéologues ont mis au jour 26 des quelques 430 sites où apparaissent des gravures sur roche… C’est dire le potentiel de découverte à faire !