Une réserve naturelle à Groix pour amoureux de nature et d’ornithologie
Les roches et minéraux de Groix présentent un quadruple intérêt, outre leur grande variété avec environ 60 espèces recensées, elles sont les témoins d’une zone de subduction ayant accompagné la formation de la chaîne hercynienne. Dans cette dernière, qui s’étendait des Appalaches (USA) à la Bohême, et de la Belgique au Maroc, les schistes bleus sont fort rares, la localité la plus spectaculaire étant sans conteste l’île de Groix. Aussi devenait-il urgent de protéger roches et minéraux de Groix.
Au total, plus de 60 minéraux ont été répertoriés sur la Réserve de François Le Bail, dont notamment les Glaucophane, Epidote, Grenat, Phengite, Quartz, Chlorite, Chloritoïde, Albite. Il est possible d’observer plus d’une quinzaine de ces minéraux à l’oeil nu accompagné d’un guide spécialiste au cours d’une balade de 2 heures le long de la côte sud de l’îe.
Très fréquentée, la Plage des Sables Rouges de l’île de Groix tire son nom et sa couleur de la présence prépondérante de très fins éclats de grenats, tandis que la Plage des Grands Sables qui n’en contient qu’une faible proportion est quasiment blanche, de la couleur des grains de quartz qui la composent essentiellement.
Protéger les sites de nidification des oiseaux marins sur les falaises littorales
A ces trésors minéralogiques précieux s’ajoute la nécessité de protéger les sites de nidification des oiseaux marins sur les falaises littorales. Dès la fin des années 1970, les ornithologues avaient perçu l’intérêt du secteur Pen Men – Beg Melen, au nord-ouest de Groix. Dans ce même secteur, les landes littorales, en particulier celles à Bruyère vagabonde, font partie des quelques stations du littoral armoricain où cette espèce prospère en limite septentrionale de son aire de répartition.
La Réserve comprend deux secteurs. Le premier, au sud-est de l’île, comprend une étroite bande côtière de 4 ha ainsi que le Domaine Public Maritime. Le second, au nord-ouest de l’île (secteur de Pen Men – Beg Melen) comprend, outre la falaise littorale, des étendues de pelouses et landes (soit au total 43 ha). La Réserve a été dédiée à François Le Bail, professeur dans un lycée privé de Quimper, minéralogiste passionné qui parcourut longuement les falaises groisillonnes.
La gestion de la Réserve a été confiée à l’association SEPNB – Bretagne Vivante
Quand la création de la réserve naturelle a été validée en 1983, à la demande de la commune, l’association Bretagne Vivante a tout de suite accepté la candidature de Catherine Robert, enseignante sur l’île et diplômée en gestion de l’environnement. Attachée à l’île depuis son enfance, le poste de responsable de la réserve était presque conçu pour elle ! Pour autant, la mise en place de la réserve ne s’est pas faite sans peine. En 1989, tout était à mettre en place.
«Au début, explique Catherine, lorsque la réserve a été créée en décembre 1983, elle n’a pas été acceptée par la population et les aménagements étaient régulièrement détériorés. Aujourd’hui, les mentalités ont changé et la réserve naturelle fait partie du paysage socio-économique de l’île. En témoigne la solidarité des habitants venus nettoyer la côte lors de l’échouage de milliers de seringues pendant l’hiver 2013-2014. Globalement, je trouve les gens, locaux et visiteurs bien plus respectueux de l’environnement.»
Aujourd’hui la maison de la réserve propose une exposition permanente sur la réserve naturelle François Le Bail, un espace d’exposition temporaire, un coin bibliothèque et une boutique où les visiteurs peuvent découvrir l’artisanat local et les producteurs groisillons. Avec 4500 visites, c’est le premier site touristique de l’île en terme de fréquentation avec l’écomusée.
Gérante de la réserve : entre suivi naturaliste, entretiens des sites, animation et sensibilisation
La première mission de Catherine Robert est de surveiller les deux sites mis en réserve naturelle, soit une centaine d’hectares moitié sur le domaine public maritime, moitié terrestre. En tant qu’agent assermenté auprès du tribunal de Lorient et commissionnée par le Ministère de l’écologie, elle peut dresser des procès verbaux en cas d’infractions comme les prélèvements d’échantillons de roches ou de galets, ou encore les tirs sur des espèces protégées…
Elle est également chargée d’entretenir les sites mis en réserve (signalétique, nettoyage des chemins, de la côte…) et assure parallèlement une mission de suivis naturalistes : suivis botaniques des zones mises en défens à la pointe des Chats et à Pen Men, suivi hebdomadaire de certains nids d’oiseaux marins à Pen Men par exemple et ceci en lien avec tous les éminents spécialistes (universitaires et autodidactes) qui veulent bien venir bénévolement parfaire les inventaires sur Groix. Forte de ces échanges, elle est à même d’écrire des articles dans des revues spécialisées et réalise des expositions thématiques.
L’animation et la sensibilisation auprès de différents publics font aussi partie de ses tâches et notamment pendant la période estivale durant laquelle l’équipe s’étoffe. En 2014, avec Céline Lafon, sa collègue en CDD pendant six mois sur la réserve, elle a accueilli 4 500 personnes lors des 188 animations proposées. Sans compter les 78 groupes d’étudiants et de lycéens, soit environ 2500 jeunes, venus à Groix étudier la géologie.
Enfin, un rapport d’activité détaillant toutes les actions de l’année écoulée est publié chaque année. Autant dire que Catherine Robert n’a pas le temps de s’ennuyer sur son île.