Après les algues vertes, c’est le projet d’extraction du sable coquillier d’une dune sous-marine située à moins d’un kilomètre de deux zones classées Natura 2000, dont celle de la réserve des sept Îles, sanctuaire d’oiseaux marins, et l’archipel de Bréhat, qui préoccupe la population. Depuis 2009, la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) a fait la demande d’une demande d’exploitation de ce sable, destiné à une autre filiale du groupe, Timac Agro, spécialisée dans la « fertilisation raisonnée ».
Extraction de sable coquillier au large de Bréhat pour des poulaillers étrangers
« On extrait du sable coquillier chez nous, pour l’expédier à l’étranger. C’est un peu fort ! » dénonce, Jean Le Merdy, membre de l’association Côtes-d’Armor, nature, environnement. Au port de commerce, un vraquier de la Compagnie armoricaine de navigation (la CAN), affrété par l’Agence maritime de l’Ouest (AMO), charge 1 200 tonnes de coquilles brisées, à destination de Yerseke, aux Pays Bas. « Il y a trois semaines un autre bateau, le Liéra, a embarqué 2 000 tonnes pour la Belgique », ajoute Jean Le Merdy. « Que l’on extrait du sable coquillier pour nos agriculteurs, passe encore, mais pour les Belges, Anglais, Allemands… Ca devient grave, car ça se répète. Tout ça pour des poulaillers. il ne faut pas exagérer. Je suis contre. »
Yves-Marie Lelay, président de l’association Sauvegarde du Trégor, est déterminé : « nous allons tout faire pour lutter contre l’extraction de sable, maintenant dans l’archipel de Bréhat et ses environs. N’en déplaise au maire de Paimpol. Contrairement à ce qu’ils disent à la CAN, ils n’agissent pas pour le bien de la population, mais pour leur portefeuille. Ils font du commerce avec des richesses naturelles. Nous ne sommes pas d’accord que notre patrimoine, celui de nos enfants, soit l’objet d’un commerce, sans foi ni loi. Ce commerce doit cesser. La CAN ne fait que du mauvais trafic. La CAN fait du business avec le sable. »
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L’extraction pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’activité économique
D’après une étude de Peuple des dunes en Trégor, la réalisation du projet d’extraction pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’activité économique et en particulier sur la pêche. La dune sous-marine est l’habitat privilégié des lançons, à la base de la chaîne alimentaire des poissons pêchés dans la région comme le bar et le lieu. L’extraction de sable les poussera à migrer et avec leurs prédateurs, c’est-à-dire la ressource halieutique des pêcheurs. L’Ifremer confirme dans une note publiée que « la pêche devient impossible en zones d’extraction ; la règlementation limite par ailleurs le voisinage des dragues et des navires de pêche. La conchyliculture, la navigation de plaisance et la pose de câbles sous-marins sont aussi affectés potentiellement par l’extraction.» Par conséquent, « s’il était mis en œuvre, le projet conduirait à la disparition à court terme d’au moins 158 emplois directs et potentiellement beaucoup plus (420) en fonction de l’impact sur l’ensablement des plages, la disparition à moyen et plus long terme d’environ 500 emplois indirects supplémentaires et à des pertes de recettes pour la région concernée de plusieurs dizaines de millions d’euros »
Il est édifiant de constater que le pillage des ressources naturelles est poussé à l’extrême sans se soucier des conséquences futures et malgré les nombreux signes d’alerte, tels que l’engloutissement d’îles dans d’autres contrées tels les Kiribati ou les Maldives ou l’érosion de nos plages…
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