Aujourd’hui, il ne subsiste qu’1% de la superficie originelle de la forêt sèche et environ 30% de celle de la forêt humide
Caractérisé par une augmentation anormale de la température des eaux du Pacifique-Est, le long des côtes de l’Amérique du Sud, El Nino se traduit sur le Caillou par une baisse de la pluviométrie et des alizés vigoureux. « Cela assèche les sols et stresse le couvert végétal », explique Alexandre Peltier, météorologue de Météo France à Nouméa. En période El Nino, les pluies de la saison cyclonique, attendues en janvier-février, se font attendre ou sont moins abondantes. Dans ce contexte, les feux de forêt, dont la grande majorité est d’origine humaine, évoluent en véritabme brasier.
Face à cette crise, les moyens techniques, humains et financiers de la Nouvelle-Calédonie qui a pris en 2014 le relais de l’Etat pour exercer la compétence de la sécurité civile, sont insuffisants. La priorité à la protection des personnes et des biens est naturellement donnée.
« Or, quand on laisse des incendies en évolution libre sur un +hot spot+ de la planète, on détruit sa biodiversité et sa ressource en eau », constate Hubert Géraux, responsable du WWF (Fonds Mondial pour la Nature) dans l’archipel qui possède l’un des taux d’endémisme les plus élevés au monde.
En quelques heures, une espèce peut être rayée de la surface de la Nouvelle-Calédonie et de la terre !
Avec les espèces envahissantes et l’exploitation minière, les incendies sont les fossoyeurs de la biodiversité. Aujourd’hui, il ne subsiste qu’1% de la superficie originelle de la forêt sèche et environ 30% de celle de la forêt humide. « L’impact des feux est surtout dramatique pour le micro-endémisme. En quelques heures, une espèce peut être rayée de la surface de la Nouvelle-Calédonie et de la terre ! », s’alarme Hubert Géraux.
L’impact est également dramatique pour la faune et particulièrement les oiseaux, dont la majorité des espèces niche en ce printemps austral.
Une fois éteints, les feux poursuivent leur action mortifère. Sous l’effet du ruissèlement, les rivières des bassins versants brûlés charrient des apports terrigènes, qui asphyxient poissons et crustacés tandis que la ressource en eau se tarit, faute de sols capables de jouer leur rôle d’éponge.
« Il faut une action globale mais j’ai peur que la Nouvelle-Calédonie se réveille trop tard », s’inquiète le responsable du WWF, une allusion aux Assises du feu en 2006 dont les conclusions sont restées lettre morte.