Depuis un demi-siècle, près de 30 millions de tonnes de boues rouges ont été déversées dans la fosse de Cassidaigne, désormais en plein cœur du parc national des Calanques
L’usine Alteo de Gardanne, près d’Aix-en-Provence, traite le minerai d’aluminium – la bauxite. Pour extraire de celle-ci l’alumine dont on tire l’aluminium métallique, le fabricant utilise le processus industriel « Bayer », très gourmand en eau et en énergie, qui consiste à dissoudre le minerai dans de la soude caustique, et qui sous-produit d’énormes quantités d’effluents teintés de rouge par des oxydes de fer. L’usine se débarrasse de ces résidus où elle peut, où on le lui permet et où cela lui coûte le moins cher, à savoir dans la mer !
Les déchets des boues rouges affectent l’ensemble de la vie marine
Le 29 décembre 2015, le préfet de la région PACA a autorisé la société Alteo à poursuivre ses activités, et à salir pendant six années de plus la Grande Bleue.
Le vrai péril des boues rouges réside dans la soude caustique et les résidus d’aluminium que recèle la mixture, mais surtout dans sa teneur « dépassant les limites réglementaires » en substances bien plus mortelles : l’arsenic, les métaux lourds (plomb, mercure, chrome, titane, cadmium, nickel…) et les éléments radioactifs (isotopes de l’uranium, du thorium, etc.).
Ces déchets affectent l’ensemble de la vie marine – le plancton végétal et animal, la cohorte des invertébrés (mollusques, crustacés, échinodermes…), les petits et les grands poissons, et jusqu’aux mammifères : dauphins, cachalots, baleines…
Les polluants chimiques de ce type sont souvent à peine détectables dans l’eau ambiante, mais ils se reconcentrent dans la chair des organismes vivants, d’un étage à l’autre de la pyramide alimentaire. Tels le thon ou le dauphin, l’homme qui mange le poisson ou les fruits de mer se trouve au pire endroit du système, et déguste aux deux sens du terme – culinaire et médical !