La moyenne annuelle du nombre d’échouages de cétacés est passée de 273 individus pour la période 1980 – 1990 à 1036 pour 2011 !
Selon les études faites en France à partir d’animaux marqués et à partir de l’étude de dérive des carcasses emportées par les courants, environ 8% des animaux morts en mer finissent par s’échouer.
Depuis le début des années 1970 en métropole, puis à partir des années 1990 en outremer, les échouages de mammifères marins ont régulièrement augmenté de 1980 à 2012, pour un total de 17 054 animaux échoués et signalés. C’est le dauphin commun qui est le plus souvent retrouvé (mort, souvent après capture accidentelle), alors qu’il s’agit d’une espèces qui semble en rapide régression : (- 5,5%/an). Leur nombre pourrait être divisé par cinq en 30 ans et l’espèce conduite à risquer l’extinction dans environ 100 ans.
Le nombre de marsouin commun, grand dauphin, phoque gris et phoque veau-marin trouvé échoués a aussi significativement augmenté depuis la fin des années 19908. Classé espèce menacée par l’UICN, le cachalot est vulnérable en France et dans le monde alors que le rorqual commun est jugé quasi-menacé de disparition en France.
D’après l’observatoire national de la mer et du littoral, la moyenne annuelle du nombre d’échouages de cétacés est ainsi passée de 273 individus pour la période 1980 – 1990 à 544 pour 1990 – 2000 et à près de 767 pour la période 2000 – 2010. Avec 1 036 échouages, le résultat de l’année 2011 a été le plus important jamais enregistré sachant que les échouages se sont intensifiés depuis. D’une manière générale, les échouages sont plus nombreux de février à avril (période hivernale à forte mortalité).
Les autopsies ont permis de découvrir les effets désastreux de certaines substances chimiques
Le Cetacean Stranding Investigation program est probablement l’organisme le plus informé sur le sujet avec plus d’un siècle de données collectées. Durant le dernier quart de siècle, le CSIP a recensé près de 12 000 échouages, réalisé 3500 autopsies et collecté 80 000 échantillons. Les autopsies ont permis de découvrir les effets désastreux de certaines substances chimiques. Moins visibles que les marées noires mais plus actifs à faibles doses les pesticides, dioxines, PCB, perturbateurs endocriniens, mercure, plomb, cadmium, etc sont nocifs pour les cétacés. Malgré l’interdiction des PCB, leurs effets sont toujours mesurables sur la reproduction des cétacés, sans oublier la dégradation générale des écosystèmes marins.
D’après les scientifiques de nombreux facteurs entrent en jeu et qu’il faut souvent les combiner. La surpêche des eaux côtières et du large peut affecter les cétacés en les privant d’une partie de leur nourriture, ainsi que par les filets ou le dérangement des animaux lors de leurs chasses, de leur migration ou de leur reproduction. L’intensification de la pêche commerciale au krill, élément-clé du régime alimentaire des baleines, est aussi mise en cause ainsi que l’influence, encore mal connue, du réchauffement climatique sur les quantités de ces petites crevettes dans les eaux.
Les accidents sont également fréquents : ainsi «50% des marsouins échoués sur les côtes normandes en 2006 présentaient des traces de capture accidentelle d’un engin de pêche (CRMM, 2007)».
Des travaux sont par ailleurs en cours pour mieux évaluer l’impact de la pollution sonore des océans sur les cétacés. Anomalies, tempêtes ou lignes perpendiculaires à la côte seraient autant de paramètres susceptibles de perturber la trajectoire des animaux. Dans les groupes de cétacés hiérarchisés et/ou à forte cohésion sociale, si le meneur d’un groupe «perd la boussole», le groupe entier se retrouve en danger. Les ondes des sonars utilisés par l’armée ou les détonations des canons à air (prospection sismique gazière et pétrolière), sont, quant à elles, responsables de fractures d’organes, à l’origine d’hémorragies internes. Les cétacés meurent alors d’une longue agonie et certains d’entre eux sont retrouvés sur les côtes.
Un siècle de recherche sur les échouages de cétacés nous laisse encore aujourd’hui sans réponse précise et le mystère des échouages massifs persiste. Nombre d’espèces de cétacés sont menacées dans le monde à en juger par les innombrables échouages recensés. Même si la pollution et les activités humaines ne sont pas l’origine directe de la mort de ces cétacés, il est évident que les causes anthropogéniques doivent toujours être prises en compte.