Une mobilisation sans précédent pour dénoncer les excÚs du développement du tourisme à tout-va
C’est l’un des projets de dĂ©veloppement le plus critiquĂ© et combattu Ă Bali. Des dizaines de milliers de manifestants se sont rĂ©unis dans la baie de Benoa. Ils reprĂ©sentent un mouvement de protestation d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent Ă Bali depuis des dĂ©cennies. Le mouvement Bali Forum Against Reclamation rassemble des jeunes, des politiciens, des rock stars, les institutions acadĂ©miques et religieuses, des Ă©cologistes et 28 villages, dont 14 situĂ©s dans la rĂ©gion de Benoa.
L’idĂ©e de Tirta Wahana Bali International ou TWBI de revitalisation est de poldĂ©riser des eaux pourtant dĂ©crĂ©tĂ©es rĂ©serve naturelle en 2011 afin d’y construire un centre de villĂ©giature de luxe de 3 milliards $ sur quatre nouvelles Ăźles, comprenant un parc Ă thĂšme, des appartements, hĂŽtels, villas privĂ©es, un hĂŽpital international, des casinos, et un centre commercial. TWBI dĂ©crit Nusa Benoa comme une toute nouvelle destination qui apportera des emplois supplĂ©mentaires avec un impact minimal sur l’environnement. Pourtant, Benoa Bay se trouve au cĆur du sud de Bali, pris en sandwich entre les districts de villĂ©giature de Sanur, Kuta et Nusa Dua, oĂč se concentre la plupart du tourisme et donc la richesse de l’Ăźle.
Le projet a Ă©tĂ© fortement critiquĂ© par la population locale, ainsi que par les environnementalistes et les universitaires qui craignent que le site ne soit complĂštement dĂ©naturĂ©. Aujourd’hui, Benoa reprĂ©ente l’une des rĂ©gions de Bali, oĂč les mĂ©thodes de pĂȘche traditionnelles sont encore pratiquĂ©es. La construction d’Ăźlots – semblables Ă celles de Dubai Palm Islands – endommageraient la cĂŽte de Bali.
Ketut Sarjana Putra, directeur de l’ONG environnementale Conservation International (CI), affirme que les nouvelles Ăźles causeraient des inondations sur une grande Ă©chelle.
En outre, Benoa Bay abrite plus de 60 sites naturels qui sont sacrĂ©s pour la population de l’Ăźle majoritairement hindoue, ainsi que 24 temples, dont certains d’entre eux situĂ©s sous l’eau. Cela a soulevĂ© des inquiĂ©tudes au sein des puissantes institutions religieuses et des communautĂ©s avoisinantes, dont certaines ont mĂȘme menacĂ© d’une « puputan » – commettant un suicide rituel de masse – si le projet Ă©tait acceptĂ©.
Le ministre indonĂ©sien des ForĂȘts et Environnement, Siti Nurbaya Bakar, doit maintenant dĂ©cider si oui ou non il approuve l’Ă©tude de l’impact environnemental face Ă l’escalade de l’opposition.
L’ONG indonĂ©sienne WAHLI considĂšre qu’Ă Bali le seuil critique est bientĂŽt atteint au niveau sanitaire (manque d’eau) et mauvaise gestion des dĂ©chets. Dans son article «Bali, c’est fini ?», Le Monde, (21 juillet 2012), Bruno Philip nous apprend que, chaque annĂ©e, 700 hectares de terrain sont convertis en hĂŽtels, rĂ©sidences, et en infrastructures routiĂšres. Plus grave encore, poursuit le journaliste : «13 000 mĂštres cubes d’ordures sont dĂ©versĂ©s chaque jour dans les dĂ©charges publiques, et seule la moitiĂ© d’entre elles est recyclĂ©e. Des embouteillages monstres crĂ©Ă©s par un trafic Ă l’essor incontrĂŽlable engorgent de nombreuses artĂšres : 13% de voitures de plus par an et une augmentation de seulement 2,28% de routes carrossables».