50% des foyers d’El Hierro utilisent une énergie propre
Le 15 février 2016 est une date historique pour cette île isolée : la centrale hydro-éolienne Gorona del Viento a produit pour la première fois pendant plus de 24 heures toute l’électricité requise aux 7 000 habitants.
Réserve de la biosphère de l’Unesco, El Hierro est le plus petit îlot de l’archipel espagnol. Depuis trente ans, ce territoire volcanique de 269 km2 rêve de s’affranchir de sa dépendance au diesel fourni par bateau depuis l’île Teneriffe située à 300 km.
La centrale de Gorona del Viento associe cinq éoliennes plantées sur une colline d’une capacité totale de 11,5 MW et deux bassins de rétention d’eau séparés par 650 mètre de dénivelé avec des turbines hydrauliques d’une puissance de 11,35 MW. Si le vent faiblit, l’eau est relâchée du bassin supérieur vers le bassin inférieur et les turbines prennent le relais. La centrale assure par ailleurs le fonctionnement des usines de dessalement d’eau de mer de l’île.
Si l’ambition de l’île était de couvrir 100% de la demande d’électricité en quelques mois, lors de la mise en service de Gorona del Viento, la moyenne est aujourd’hui d’environ 50%. Une belle performance en seulement deux ans qui suscite un énorme intérêt dans les îles du monde entier.
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«Pour que cela marche, il faut que les gens s’approprient leur territoire»
Le système espagnol fonctionne avec un système de régie municipale de l’électricité qui permet de reverser l’argent de la production d’énergie aux insulaires. En 2015, selon le ministère de l’industrie, l’État a ainsi racheté l’énergie produite à hauteur de 7 millions d’euros par an et a reversé le bénéfice à la municipalité d’El Hierro qui détient 66% de la société Gorona del Viento. Ce fonctionnement qui incite à l’appropriation citoyenne de la production d’électricité est particulièrement motivant pour l’île et ses habitants qui réinvestissent les bénéfices dans des projets de tourisme vert.
Un défi qui pourrait être relevé en France dans les zones non interconnectées métropolitaines comme les Glénans, Ouessant, Molène, Sein et Chausée qui comptent moins de 1000 habitants. Ces îles qui constituent autant de zones d’expérimentation utilisent du fioul à 100% alors que chacune d’entre elle pourrait se tourner vers le 100% renouvelable en utilisant selon leurs spécificités et grâce aux technologies actuelles, le vent, le solaire et l’hydrolien.
Pourtant, il y a un blocage en France au niveau de la gouvernance énergétique. La loi pour la transition énergétique pour la croissance verte votée en juillet 2015 s’est malheureusement heurtée à des résistances. L’île de Sein utilise du fioul qui coûte d’ailleurs cher aux contribuables et attend le bon vouloir d’EDF pour produire de l’énergie propre et se libérer de ce monopole historique. Le projet de l’appropriation citoyenne de la production d’électricité proposé par IDSE pour palier à l’absence de politique pour changer le modèle de production énergétique n’a donc pas pu voir le jour. Pour faire bonne figure, EDF a finalement proposé d’implanter deux éoliennes sur l’île…