Un pays qui vit au rythme des océans
L’Angleterre représente la moitié de la Grande-Bretagne et un tiers de ses côtes. Depuis la préhistoire, le pays demeure tourné vers la mer : la majorité des habitants vit à moins de soixante kilomètres de la mer et aucun d’entre eux n’est éloignés à plus de cent quinze kilomètres des côtes. La mer a influencé l’histoire du pays, sa culture, sa gastronomie, sa politique et ses loisirs. Si l’avènement de l’ère industrielle a contribué à éloigner les populations des zones côtières, l’apparition des congés et la mise en place de moyens de communication modernes ont favorisé le retour des populations vers les côtes. La tradition des vacances de la classe ouvrière s’est établie vers la fin du XIXe siècle, avec une large concentration sur les stations balnéaires. L’expansion du réseau de chemin de fer à la même époque a entraîné la croissance des villes baléaires de l’Angleterre, en leur apportant la population des centres urbains. Le nombre important de grandes villes bâties le long des axes fluviaux ou à proximité des estuaires explique aussi la ténacité du lien qui unit les océans et le peuple Britannique.
Le climat est tempéré par la présence de l’océan et du Gulf Stream
Les meilleurs mois pour visiter le pays s’étendent entre mai et septembre. Les températures sont clémentes avec une baisse significative pendant les mois d’hiver de décembre à mars. Les mois de janvier et février sont rigoureux dans la partie nord en particulier et dans la partie montagneuse de l’Écosse, où la neige peut s’installer pendant plusieurs semaines. Le climat demeure hélas humide, y compris pendant la période estivale. Les températures varient en moyenne de 2 à 7°C pendant les mois d’hiver et de 11 à 21°C pendant les mois d’été. La partie Est du pays possède un climat un peu plus sec avec des écarts de températures plus importants.
Préservation de l’environnement marin
Les résidents comme les visiteurs des côtes Britanniques peut constater avec satisfaction le nombre important de structures conçues dans le but de préserver les paysages et la biodiversité marine et de relever le défi environnemental du 21e siècle. Le Royaume-Uni est signataire de nombre d’accords internationaux, comme la Convention de Bern, la Convention sur la Biodiversité signée à Rio en 1992, ou la Convention OSPAR pour la protection de l’environnement maritime de l’Atlantique Nord-Est signée à Paris et entrée en vigueur en 1998. Par ailleurs, le pays met en application les directives européennes en élaborant un réseau d’Aires Marines Protégées pour atteindre les objectifs fixés par la communauté Européenne dans la Directive 2008/56/EC, qui élabore le « Good Environment status » concernant l’environnement marin à l’horizon 2020.
Diverses aires marines protégées adaptées aux espèces et habitats
Afin de mettre en application l’article 3 relatif à la protection des habitats de cent quatre vingt neuf espèces animales, dont quarante trois naissant dans les îles Britanniques, des SACs – Sites Strictements Protégés – ont été constitués. Pour la mise en application des recommandations européennes contenues dans l’Art 4 relative aux oiseaux, des SPAs ont été constituées. Des Aires Marines de Conservation déclarées d’importance nationale ont également été créées. Elles sont chargées de protéger la vie marine sauvage, les habitats, la géologie sur les côtes comme au large en Angleterre et au Pays de Galles. L’administration écossaise conserve la prérogative de désigner des aires marines protégées sur son espace national. Ces différentes mesures permettent à nombre d’organismes, associations et entreprises de faire découvrir dans d’excellentes conditions, les côtes, la vie marine et les réserves à une population locale et aux touristes dont la demande de rapprochement et de cohabitation avec l’univers naturel sauvage s’accroît.
Le choix des énergies alternatives marines
Le Royaume-Uni est incontestablement le centre de recherche mondial le plus important pour la mise au point de technologies destinées à dompter l’énergie contenue dans les vagues et les courants de marée. Plusieurs sites maritimes complémentaires sont aujourd’hui équipés permettant à de nombreux pays, Allemagne, France, Japon et Chine de procéder à leurs essais dans les eaux Britanniques.
L’Angleterre semble puiser de son passé maritime une partie des ressources nécessaires pour relever le nouveau challenge d’un développement plus durable des océans. Le sud Ouest du pays en particulier se retrouve aux avant-postes avec les incontournables Universités d’Exeter et de Plymouth, tout comme les laboratoires du Marine Biologcal Association MBA ou du Playmouth Marine Laboratory PML qui font évoluer les connaissances en matière d’environnement marin. La côte de Cornouailles accueille de son côté le projet pour la transformation de l’énergie des vagues. Ce « Wave Hub » bénéficie d’un bail de vingt cinq ans pour huit kilomètres carrés de surface d’océan. Il bénéficie d’un réceptif terrestre et d’une connexion par câble avec la zone de pleine mer où quatre connexions permettent de tester différents matériels.
Le Crown Estate’s s’affirme depuis de nombreuses années comme l’un des promoteurs incontournables de la mise en place de cette politique britannique de développement durable des ressources naturelles.
Il faut noter que la propriété des fonds marins jusqu’à une distance de 12 miles de la côte et la possibilité d’exploiter certaines ressources naturelles jusqu’à une distance de 200 miles le place dans une situation favorable pour exploiter les ressources. L’investissement dans l’éolien offshore ou l’exploitation de l’énergie des vagues et courants de marée demeurent néanmoins particulièrement judicieux et opportuns.
Parmi les différentes activités liées à l’exploitation des côtes et de la mer par le Crown Estate’s, la production d’énergie renouvelable est celle qui possède la plus forte progression avec un revenu de 7,8 millions de £ sur le dernier exercice s’achevant en mars 2012, pour un revenu de 3,5 millions de £ pour l’année précédente. L’ensemble des revenus liés à l’exploitation des côtes et de la mer s’élève à 55,6 millions de £. A ce jour, 4,2 GW d’électricité est produite par l’éolien offshore tandis que 4,9 GW supplémentaires sont prévus ou sont en cours de développement. Le Royaume-Uni va posséder à court terme 36 sites éoliens offshore, ce qui est supérieur au parc de tout autre pays.
En parallèle, de puissantes structures ont été constituées pour atteindre les objectifs assignés par l’état. Par exemple, PRIMaRE (Peninsula Research Institute for Marine Renewable Industry) est l’association de compétences issues des Universités de Plymouth et Exeter, épaulée par le gouvernement à travers le Department for Business Innovation and Skills (BIS). La mise au point d’outils de modélisation fiables prenant en compte toutes les forces contenues dans les vagues et les courants omnidirectionnels et de puissances variables est un objectif ambitieux dont la côte de Cornouailles sera le premier récipiendaire.
Un consortium comme l’European Technology Institute investit dans les technologies du futur. Un montant de vingt cinq millions de £ a été affecté en 2012 pour atteindre, à échéance 2020, une production de dix huit GW dans le domaine de l’éolien offshore flottant. Cette technologie permettrait d’exploiter les sites où le vent offre les meilleures caractéristiques techniques. Cela représenterait, d’après la ligne de route de la European Offshore Renewable Energy, une part des quatre cent soixante GW prévus à moyen terme à l’échelle européenne.
Citons également SuperGenUK qui associe autour des trois universités fondatrices, Edinburgh, Queen’s University de Dublin et celle d’Exeter, sept autres universités pour relever les défis de la production d’énergie renouvelable à l’horizon 2020, en intégrant le maximum de compétences dans la recherche et l’industrie, y compris à l’international.
Parmi différentes entreprises, Current Turbines, située à Bristol, se positionne comme un des leaders mondiaux de l’exploitation des courants de marée pour produire une énergie propre. La compagnie rachetée par Siemens a acquis une réelle expertise grâce à des essais effectués en différents points du territoire Britannique. Le système s’apparente à celui d’éoliennes immergées, à la différence que, l’eau étant considérablement plus dense que l’air, la surface et la longueur des pales en sont considérablement diminuées. Un dispositif permet de déplacer verticalement le mécanisme pour optimiser le positionnement des pales par rapport au courant et au niveau de marée. Il permet également d’effectuer la maintenance sur place et en surface, évitant ainsi de transporter les mécanismes et n’exigeant pas de surcroît la construction de bateaux spécifiques à cette maintenance. La turbine produit un courant électrique qui est transporté sur une courte distance pour être injecté directement dans le réseau. De nombreux brevets internationaux protègent cette technologie. Le potentiel en génération des turbines de Marine Current Turbines est réel. Testées sur site depuis 2008, elles ont déjà produit plus de 3 Giga watts.
Des évènements nautiques à la hauteur du passé maritime
Plusieurs régates se déroulent sur le plan d’eau pendant l’année, néanmoins les mois de juin et juillet accueillent un nombre incroyable de régates confirmant la tradition maritime du pays.
Les régates à Cowes
Créée en 1826, la semaine de Cowes demeure à la mi-août la plus belle manifestation nautique du Royaume-Uni. Pendant une semaine, un millier de bateaux s’affronte quotidiennement au cours d’une quarantaine de manches.
Le tour de l’île de Wight
En juin, Le Tour de l’île de Wight permet à près de deux milles bateaux de concourir. Des milliers de marins de tous pays se mesurent sur le plan d’eau ce qui produit un spectacle incroyable pour les spectateurs restés sur la côte.
La Coupe des Super Yachts
En juillet, on assiste à la fois à la Coupe des Super Yachts challengée par une vingtaine de voiliers de plus de vingt quatre mètres. La Paneraï British Classic Week rassemblent pour le plaisir des yeux les anciens bateaux classiques pendant une semaine. The hundred Guinea Cup, avec les classes J qui se confrontent à une courte distance du rivage de l’île de Wight, permettent à des milliers de spectateurs de les admirer. La Brewin Dolphin Commodore’s Cup permet aux équipages amateurs de nombreux pays de se confronter.
La semaine de vitesse de Weymouth
Cette compétition se tient en octobre sur le plan d’eau très protégé des vagues de Portland à Weymouth. La course est ouverte à tout type de planche ou coque tractée par une voile ou une aile de kite. Chacun peut défier dans ces conditions le record du monde de 55,65 noeuds détenu par l’Américain Robert Douglas.
La transat anglaise
Course transatlantique mythique en solitaire pour navigateurs professionnels, la Transat Anglaise, annulée en 2012 et mise en sommeil depuis, renaît en mai 2016. depuis Plymouth cap New-York. Cette course de 2’800 milles à travers l’Atlantique Nord est renommée pour ses dépressions, ses vents contraires dominants, ainsi que ses icebergs et brouillards givrants dans la partie finale. Créée en 1960 sous l’appellation OSTAR, elle fait partie des monuments de la course à la voile. Lors de la première édition, Francis Chichester avait mis quarante jours pour traverser l’Atlantique mais pour la deuxième édition, quatre ans plus tard, c’est Eric Tabarly qui remporta la victoire haut la main et en seulement 27 jours et notamment grâce à un bateau conçu spécialement pour cette course, le Pen Duick II. Les deux victoires de ce grand marin (64 et 76) ont ancré cette course dans l’imaginaire français. Alain Colas (72), Yvon Fauconnier (1984), Philippe Poupon (88), Francis Joyon (2000), Michel Desjoyeaux (2004) et Loïc Peyron avec trois victoires (1992, 1996 et 2008) ont ensuite complété le palmarès français. Les deux records de vitesse sont aux mains des Français puisque le chrono à battre en monocoque est celui de Loïck Peyron (2008) – 12 jours, 11 heures et 45 minutes – tandis que le record en multicoque est actuellement détenu par Michel Desjoyeaux avec 8 jours, 8 heures et 29 minutes.
De nombreuses autres courses professionnelles comme celles autour du monde en solitaire ou en équipage se déroulent périodiquement depuis plusieurs décennies.
Une Histoire maritime unique
L’Angleterre a un rôle majeur dans l’exceptionnelle histoire maritime du Royaume-Uni. Dès l’age du bronze, on sait que des bateaux aptes à parcourir les océans étaient en service grâce à la découverte en 1992 à Douvres d’un bateau d’une longueur estimée à onze mètres, dont la coque en bois de chêne et d’if était cousue. Le bateau daterait de 1550 avant J.C., ce qui en fait le bateau à usage maritime le plus ancien découvert à ce jour. Il est exposé au musée de Douvres.
Alfred Le Grand et les prémices de la flotte navale anglaise
Il est également acquis, grâce aux découvertes archéologiques, qu’un commerce florissant existait déjà à l’âge du fer entre les différentes parties du Royaume-Uni et de la Gaule. Un des moyens de transport était le Curragh (Coracle), bateau à voile dont la coque était fabriquée avec une armature en bois et des peaux de bête.
Plus tard, en 793 après J.C., les vikings commencèrent leurs incursions en Angleterre avec l’attaque du monastère de Lindisfame sur la côte Nord Est du Nothumberland. La majeure partie du sol anglais fut alors occupée, à l’exception du Wessex dont le jeune frère du Roi, Alfred, âgé de 23 ans, s’illustra en battant les Danois à la bataille de Ashdown. On considère que l’histoire anglaise par rapport à celle du Royaume-Uni démarre avec Alfred, le Roi des Anglo-Saxons qui sut rassembler et tenir tête à l’ennemi. Ce fut le seul Roi d’Angleterre à voir son nom adoubé du titre de « Le Grand ». Il est généralement admis que c’est sous le règne d’Alfred Le Grand que les prémices d’une flotte navale virent le jour. Une flotte de bateaux aux formes similaires à ceux des Vikings munis de soixante avirons pour remonter les fleuves et suppléer à l’absence de vent fut crée. En 875 la victoire lors d’une bataille navale fut revendiquée par Alfred.
Le succès des bateaux à coques bordées à clin
Les historiens constatent l’influence durable de l’architecture navale des peuples du Nord sur le Royaume-Uni. Les bateaux des peuples du Nord, dont le tirant d’eau était faible, possédaient des coques bordées à clins aux lignes d’eau élégantes. Offrant ainsi légèreté et robustesse, ils étaient particulièrement bien adaptés aux nécessités du transport maritime de l’époque. Si les bateaux utilisés pour les raids guerriers étaient longs et étroits afin d’obtenir une vitesse maximale, ceux destinés au commerce étaient plus larges afin d’embarquer de grandes quantités de marchandises. Bien adaptée aux bateaux en bois de taille moyenne, la technique de construction à clin perdura pendant des siècles. Il est à noter que les cogues, des bateaux commerciaux du Moyen Age utilisèrent ce mode de construction.
La grande époque de l’exploration britannique
L’Angleterre s’illustra du 15e au 18e siècle pendant la période des explorations. Les terres découvertes furent cartographiées et des lignes commerciales furent établies. Le corsaire Sir Françis Drake devint le premier marin britannique a effectuer un tour du monde, découvrant par la même occasion le mythique Cap Horn. En 1620, le légendaire navire Mayflower quitta Plymouth et traversa l’Atlantique pour atteindre le nouveau monde. L’implantation des émigrants dans des conditions extrêmement difficiles devint le symbole de l’établissement des premiers colons en Amérique.
Au 18e siècle, James Cook, l’un des plus fameux navigateurs de tous les temps, mena sa première expédition dans le Pacifique de 1766 à 1771. Après avoir doublé le Cap Horn, il traversa le Pacifique et cartographia les côtes de Nouvelle-Zélande et de l’Est de l’Australie. Il rentra en doublant le Cap de Bonne Espérance. Au cours de son second voyage, de 1772 à 1775, il fut le premier à traverser le cercle antarctique. Il retourna à Tahiti et cartographia entre autres les Îles Marquises et l’île de Pâques. Il repartit en 1776 pour une troisième expédition au cours de laquelle il fut malheureusement tué à Hawaï.
La suprématie de la Royale Navy
En parallèle de ces découvertes, la Flotte Royale ou la Royale Navy, se développa et permit de sécuriser les lignes commerciales. La mise en place de ports à vocation militaire dans le sud du pays, la création de chantiers de construction et de réparation navale contribuèrent également à assurer la suprématie de la flotte sur les mers. La constitution d’une véritable flotte de guerre est attribuée au roi Henri VIII. Olivier Cromwell dynamisa la flotte de 1648 à 1660 en augmentant le nombre de navires de trente cinq à cent cinquante quatre. Dans les années 1700, la taille de la flotte augmenta grâce à des emprunts d’Etat.
L’Angleterre affirma sa suprématie lors de nombreuses batailles navales et en particulier lors des guerres Napoléoniennes lorsqu’elle défia les flottes françaises et espagnoles. Elle continua à contrôler ainsi une grande partie des liaisons maritimes et du commerce mondial. La flotte demeura la plus importante et la plus performante jusqu’à la première guerre mondiale où les USA, l’Allemagne et le Japon contestèrent sa supériorité.