«Une eau trouble dans ces zones naturelles, câest une photosynthĂšse menacĂ©e, des algues qui disparaissent, tout un Ă©cosystĂšme condamné»
ImmergĂ©e par 50 mĂštres de fond, la dune marine de sable coquillier est un refuge et un lieu de reproduction des lançons, ces petits poissons qui sont Ă la base de la chaĂźne alimentaire. Les fous de bassan et autres macareux de la rĂ©serve naturelle des Sept Iles en font leur repas, tout autant que les bars, lieus et daurades royales si convoitĂ©s par les pĂȘcheurs cĂŽtiers. Le Groupe Roullier prĂ©voit de sâapproprier cette dune marine pour en extraire 400 000 mĂštres cubes chaque annĂ©e pendant quinze ans et cette ressource servira Ă alcaliniser les terres agricoles trop acides. Elle remplacera le maĂ«rl, des dĂ©bris dâalgues dont lâEurope a interdit lâextraction depuis le 1er janvier 2014. Le projet a Ă©tĂ© approuvĂ© par le prĂ©fet du FinistĂšre.
«âQuatre cent mille mĂštres cubes, de quoi remplir chaque annĂ©e la tour Montparnasse, vous vous rendez compte du trou bĂ©ant que ça laisserait ? Un sable qui a mis 3 millions dâannĂ©es Ă se crĂ©er ! Autant vous dire quâune blessure pareille est irrĂ©versibleâ», sâindigne Alain Bidal, prĂ©sident du Peuple des dunes en TrĂ©gor, un collectif citoyen qui rassemble plaisanciers, pĂȘcheurs, plongeurs, citoyens et amoureux de faune et flore marines.
Extraction de sable en baie de Lannion : le Peuple des Dunes poursuit le combat
La zone maritime choisie par lâindustriel se trouve dans un interstice subtil, Ă mi-chemin entre deux zones protĂ©gĂ©es, classĂ©es Natura 2000
Tous les Ă©lus locaux et les parlementaires, de tous bords politiques, sâopposent au projet d’extraction et prĂšs de 4000 personnes ont manifestĂ© contre l’incohĂ©rence du gouvernement, qui protĂšge un site marin d’exception, tout en autorisant une activitĂ© industrielle menaçant le patrimoine naturel pour un profit purement mercantile.
«La zone maritime choisie par lâindustriel se trouve dans un interstice subtil, Ă mi-chemin entre deux zones protĂ©gĂ©es, classĂ©es Natura 2000. Avec leurs tuyaux aspirateurs, leurs tamis, les navires excavateurs libĂ©reraient un Ă©norme panache qui se rĂ©pandrait Ă lâouest par marĂ©e haute et Ă lâest par marĂ©e basse. Les poussiĂšres nâauraient mĂȘme pas le temps de retomber au fond que de nouvelles seraient libĂ©rĂ©es. Je ne mâoppose pas au principe dâextraire du sable marin, mais une eau trouble dans ces zones naturelles, câest une photosynthĂšse menacĂ©e, des algues qui disparaissent, tout un Ă©cosystĂšme condamné» explique Alain Bidal.