Aux Korrigannes, des chambres d’hôtes aux influences culturelles diverses
Quand on pousse la porte des Korrigann’es, c’est un monde enchanteur qui s’ouvre à nous. Le bruit de la rue est soudain recouvert par les chants des oiseaux et du ruisseau qui traverse le jardin, tandis qu’un subtil parfum de thés mêlé à l’odeur du feu de cheminée nous entraîne vers d’autres contrées. Une sensation de bien-être se propage en nous à mesure que l’on découvre les lieux chaleureux, harmonieux et surprenants, à l’image de la propriétaire, Frédérique Gabi. Née au Cambodge, Frédérique a passé son enfance en Asie puis en Afrique dont elle a puisé des énergies et un art de vivre en symbiose avec la nature.
Renouer avec ses racines Celtes
Après ses pérégrinations à l’étranger, le besoin de renouer avec ses racines celtes s’est imposé. C’est dans les Côtes-d’Armor, sa terre d’origine, qu’elle a choisi de poser ses valises avec une idée en tête : retrouver les vibrations celtes et partager la riche expérience de ses rencontres et voyages à l’étranger. Curieuse de tout, elle apprend la maçonnerie auprès de son cousin Jacques, restaurateur d’appartements, qui lui transmet son savoir-faire ancestral emprunt d’authenticité et de bon sens. L’apprentissage est rapide et la citoyenne du monde y ajoute rapidement son grain de sel inspiré de ses souvenirs d’enfance. « Si en Asie, les habitats sont conçus de façon à ce que l’homme vive en harmonie avec la nature, en Occident les maisons ont longtemps été construites dans le but de protéger l’homme de la nature. Les conditions climatiques ne sont certes pas les mêmes, mais je reste convaincue que malgré le froid et les intempéries, une maison doit respirer et doit rester liée avec l’environnement extérieur. »
Une maison d’hôtes rustique et bioclimatique
La vie de Frédérique prend un nouveau tournant avec son coup de foudre pour une ancienne bâtisse bourgeoise datant du XVIIe siècle nécessitant de lourds travaux de réfection. C’est donc à Pontrieux que la jeune femme va pouvoir mettre en application son nouveau savoir-faire de la matière. Elle restaure cette vieille maison de maître de ses propres mains, interpellant les anciens du village surpris de constater qu’une femme peut se débrouiller en maçonnerie et même faire des merveilles… Frédérique met un point d’honneur à respecter le bâti d’origine en restaurant les fenêtres conçues en verre soufflé du XVIIe siècle, le sol avec des dalles presque similaires à celles d’origine, ou en mettant en valeur le plancher, les poutres et les pierres apparentes datant des XVII, XVIII et XIXe siècles.
Des matériaux nobles et naturels
Adepte de l’écoconstruction, la maçonne n’utilise que des matériaux nobles et naturels. Murs en pierre couverts et jointoyés en chanvre, enduits réalisés à base de terre, de chaux et sable ou tadelackt, enduit ancestral marocain, utilisé pour les parties humides des salles de bain… Isolation thermique à base de chanvre, isolation acoustique des plafonds avec des panneaux Pan Terre, un matériau utilisant du papier recyclé et de l’ana de lin… Mise en œuvre de bois pour la restauration des toitures… « L’homme d’aujourd’hui est perturbé par l’environnement moderne. Il est donc important de rééquilibrer les énergies et de faire “vivre” la maison en harmonie avec la nature. » Telle est l’approche holistique prônée par Frédérique, dont la quête ne s’arrête jamais et qui s’exprime également à travers l’art de la décoration intérieure et de la botanique.
Évasion spatio-temporelle
La décoration intérieure de la maison est entièrement empreinte des pérégrinations de Frédérique, au croisement des XVII et XVIIIe siècles et de notre monde moderne, entre exotisme oriental et rusticité bretonne. Adepte invétérée des brocantes, la maîtresse de maison a le don de dénicher des objets insolites et surannés et de créer des atmosphères singulières qui nous transportent instantanément dans un autre temps. Malles de voyages, vieilles valises, machine à écrire, radios et téléphones anciens… Frédérique aime exprimer des symboles ou des scènes de vie nomade.
Embruns d’Orient et Caramel d’or
Réparties sur les deux étages, les cinq chambres sont équipées de toilettes et salles de bain privatifs. Chacune porte un nom poétique évocateur de senteurs et d’évasions, à l’image de leur décoration originale respective qui invite les locataires à voyager dans le temps et sur les continents. Aménagées avec de belles matières, des matériaux naturels et un goût sûr, les chambres sont appréciées pour leur atmosphère saine et leur charme envoutant. Sorte de cabane sous les toits, la chambre Caramel d’or étoilée de thé vert nous transporte dans l’époque coloniale avec son coin salon et ses fauteuils club, tandis qu’ornée de magnifiques colombages du XVIIe siècle et de rideaux de velours pourpre, la chambre Embruns d’orient épicés d’opium possède un charme fou…
Le jardin enchanté des Korrigann’es
Côté jardin, la façade extérieure de la maison arbore de belles pierres de taille ornées de rosiers roses et de grappes de glycines mauves, tandis qu’un palmier trône au cœur de la petite cour intérieure pavée. Aménagé avec un esprit zen et une touche d’inspiration druidique, le « jardin de fée » invite les visiteurs à flâner entre les arbres et les fleurs. En s’y promenant, on est tout de suite intrigué par un rare colombier datant du 19e siècle, une belle pièce en bois finement sculptée.
Inspiration druidique
Déployant ces branches au centre du jardin, un magnifique pommier attire tout de suite l’attention. « C’est l’arbre sacré des druides qui incarne le symbole de la vie éternelle », nous précise Frédérique. À quelques pas de là s’épanouit un sureau noir près de l’ancien lavoir où coule un ruisseau bordé d’iris et d’agapanthes, les fleurs porteuses de bonnes nouvelles et d’amour… Le sureau représentait pour les Celtes un arbre magique dont le bois tendre et creux était utilisé par les druides pour fabriquer de petites flûtes destinées à converser avec les âmes des défunts… On trouve de multiples propriétés dans son écorce, ses feuilles, baies et fleurs nous explique la maîtresse de maison qui l’utilise souvent dans sa cuisine. Un sentiment de bien-être nous envahit à mesure que l’on découvre ce jardin clos enchanteur dont les senteurs et couleurs nous invitent à explorer l’infinie richesse de la nature à laquelle les Celtes étaient très liés…
Un art de vivre biologique tourné vers le monde
La magie des Korrigann’es se poursuit sur la grande table en bois agrémentée d’élégants chandeliers où l’on partage les repas avec tous les hôtes. Un apéritif divin appelé le « remède des druides » est traditionnellement servi avant d’entamer les agapes pour se mettre en harmonie avec le cadre de cette belle pièce chaleureuse et authentique. La carte mêle subtilement les produits des pêcheurs et maraîchers locaux aux herbes et fruits biologiques issus du jardin de la maison. Tous les aliments complémentaires sont issus de la boutique Biocoop. Frédérique n’hésite pas à tester de nouvelles saveurs à l’image de la mertensie maritime, une plante rustique au goût d’huître, qu’elle cuisine souvent en association avec des plats de poissons. Mention spéciale pour les blinis et tartares d’algues, les rillettes de sardines maison et carpaccio de Saint-Jacques, ou encore les sushis bretons et les pâtisseries traditionnelles. Copieux, le petit-déjeuner est particulièrement apprécié pour les confitures aux multiples parfums, le pain, les crêpes et les céréales biologiques accompagnés de fruits de saison.
Jamais à court d’idées, la maîtresse de maison invite ses hôtes à des initiations à la mosaïque antique ou à l’enduit naturel décoratif. Les adeptes de thé seront comblés en explorant la carte de la Maison de thé comprenant 50 variétés différentes ; une nouvelle invitation des Korrigann’es pour s’évader vers d’autres cultures…