« En comparaison de que cela aurait pu être, cet accord est un miracle. En comparaison de ce qu’il aurait dû être, c’est un désastre »
La conférence internationale où chaque pays de la planète s’est engagé à ne plus brûler du tout de charbon, de pétrole et de gaz en suivant un calendrier, où les énergies renouvelables sont mises en avant sur chaque continent avec la promesse de construction d’entreprises de production de panneaux solaires…. n’a pas eu lieu à Paris.
Contrairement à celui de Copenhague, l’accord de Paris offre certes un cadre et des perspectives. Si les participants à la COP 21 sont soulagés d’avoir évité l’impasse de Copenhague en signant un accord, il est évident qu’il ne suffira pas à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C ou même 2°C et n’empêchera pas la multiplication de phénomènes climatiques dangereux pour tous, et fatals pour certains.
Le texte accepté a littéralement été vidé de sa substance à coup de compromis et de formulations floues. Pas de « responsabilité ou compensation » des pays du Nord pour préjudices subis par pays en développement, pas de calendrier fixé pour franchir le pic d’émission de gaz à effet de serre, et, cerise sur le gâteau… possibilité pour chaque pays de se retirer de l’accord dès qu’il le souhaite !
Comme le formule admirablement The Guardian pour résumer l’accord : « En comparaison de que cela aurait pu être, cet accord est un miracle. En comparaison de ce qu’il aurait dû être, c’est un désastre ».
Nulle sortie des énergies fossiles n’est mentionnée explicitement, pas plus qu’une transition massive vers les énergies renouvelables. Si des financements pour l’adaptation des pays vulnérables au changement climatique sont assurés jusqu’en 2025, l’objectif d’obtenir 100 milliards par an ayant été prolongé, les choses demeurent très vagues sur le mécanisme qui permettra de les mobiliser réellement. Et la somme n’est pas à la hauteur.
Succès diplomatique, échec climatique
Selon l’ONG Oxfam, les pays en développement vont en effet avoir besoin d’environ 800 milliards par an d’ici à 2050 pour s’adapter au dérèglement climatique. C’est un peu comme si la réalité du changement climatique, son impact sur des millions d’existences précaires, n’étaient finalement pas pris en compte. Quelle déception pour les petits États insulaires déjà engagés pour la plupart en faveur de fortes réductions de leurs propres émissions malgré de faibles moyens… La COP représentait pour eux un enjeu vital. À cause de la hausse du niveau de la mer, plusieurs archipels des océans Pacifique et Indien commencent déjà à être submergés.
La coalition du Climate Vulnerable Forum – qui regroupe 43 petits États insulaires ou états les moins développés – a pourtant frappé sur la table dès le début de la COP 21 pour réclamer des objectifs ambitieux tels que la décarbonation complète de l’économie mondiale d’ici à 2050 assortie de 100% d’énergies renouvelables, la réduction des émissions de 70 à 95% en 2050 et l’atteinte de zéro émission en 2060-2080 afin d’orienter la planète vers un maximum de 1,5°C de réchauffement, l’intégration et l’abondement du mécanisme de pertes et dommages, et enfin la création d’une entité de coordination pour aider les personnes déplacées par les événements climatiques extrêmes.
Selon Greenpeace, la conclusion de ces deux semaines onusiennes est claire : « les décideurs ne provoqueront pas le changement, ils suivront les changements provoqués par la société. A nous tous, donc, de prendre ce destin en main. C’est une lourde tâche, certes. Mais aussi une voie magnifique pour s’émanciper ».