Kalon Eusa à la découverte des traditions ouessantines
Sous le soleil ou les embruns, depuis l’aurore jusqu’au crépuscule, Ondine Morin entraîne les visiteurs à la découverte des endroits les plus saisissants d’Ouessant et leur en révèle les histoires les plus pittoresques. Véritablement passionnée par l’histoire de son île natale, la jeune îlienne s’est renseignée auprès des anciens et a fait des recherches dans les archives. « Du temps où les marins s’embarquaient au long cours, les femmes géraient vraiment tout sur l’île », explique Ondine tout en insistant sur la rudesse de la vie d’antan. « Les naufrages faisaient partie du quotidien des îliens et la liste de ceux que l’océan ne rendait jamais est longue. Aussi, pour ces noyés sans sépulture, les Ouessantins pratiquaient un simulacre d’enterrement, appelé le proella ».
Contes et légendes d’Ouessant
Au fur et à mesure de la visite, Ondine raconte tous les aspects de la vie quotidienne des insulaires d’avant la grande mutation des années cinquante jusque dans ses anecdotes les plus touchantes et toujours avec un respect admiratif pour ses aïeules. Une visite à l’écomusée du Niou-Huella est d’ailleurs proposée pour découvrir les habitations typiques du 19e siècle sur l’île. La jeune femme explique notamment les traditions qui se perpétuent sur l’île, comme celle du « tro an aod » ou « tour de grève » que pratiquent nombre d’Ouessantais très tôt le matin pour inspecter la côte et voir ce que la mer leur a apporté. Si un objet ou un morceau de bois est trouvé, les îliens mettent alors une pierre dessus afin d’en marquer la propriété, une tradition nommée le « pinsé ». Ouessant est une île à part, empreinte de contes et légendes qu’Ondine, tels les conteurs d’antan partage avec enfants et adultes sans oublier la fameuse histoire des « morganezed », ces belles sirènes qui habitent dans un palais au milieu de la baie…
Ondine Morin, une îlienne convaincue par le développement durable
Au-delà de la découverte des traditions et des paysages, Ondine met l’accent sur le tourisme durable en transmettant ses connaissances sur la fragilité du milieu et sur la richesse du patrimoine. La jeune femme explique ainsi comment le phare du Nividic, qui fonctionnait au gaz jusqu’en 1995, est désormais doté de panneaux solaires qui alimentent un feu scintillant. On apprend aussi que le chantier du phare, entrepris sur le dernier rocher de la chaussée de Leurvas, a duré 24 ans… En se baladant dans la lande, il n’est pas rare d’observer des murets appelés « gwaskeds ». Construits comme des étoiles à trois branches, ces abris typiques d’Ouessant permettaient aux animaux de choisir le côté vers lequel se réfugier en fonction du vent.
Voir aussi : les sorties nature avec le centre d’étude du milieu naturel d’Ouessant.
Histoires de Korrigans et recettes traditionnelles d’Ouessant
Après avoir longé la côte déchiquetée assaillie par les vagues, on déambule dans la lande ornée de bruyères et d’ajoncs où le silence est à peine troublé par le bêlement de quelques moutons. On se retrouve bientôt devant un impressionnant bloc de pierre qui semble avoir été sculpté révélant toutes sortes de formes imaginaires. Les ombres projetées dans la luminosité brumeuse des lieux nous transportent dans une atmosphère fantasmagorique d’où l’on s’attend à voir surgir à tout moment des korrigans… En poursuivant la promenade, on découvre la pointe de Pern et le phare de Nividic. Autrefois, nous raconte Ondine, la brume était si épaisse que les lumières des deux phares à terre et des trois phares en mer n’étaient toujours pas visibles… Des signaux sonores tels que les cornes de brume actionnées par des chevaux ou des cloches sous-marines étaient alors utilisées pour avertir des dangers.
Les Ouessantins sont attachés à leurs plats traditionnels, tels que le « farz oaled », un plat consistant préparé avec des pommes de terre râpées, de la farine, du lard dessalé, des pruneaux d’Agen et des raisins de Malaga ou de Corinthe. La marmite est entièrement recouverte de mottes qui se consument doucement pendant quatre heures et qui donnent ce goût fumé typique de la cuisson ouessantine dans les mottes. De même, la « silzig » ou saucisse d’Ouessant, également fumée dans les mottes, est l’une des spécialités de l’île.
Féerie nocturne des phares
Ondine propose plusieurs parcours qui durent entre 2 et 3 heures. Les visites sont vivantes, extrêmement bien documentées et très diversifiées. Entre la visite des sites archéologiques, les sorties bien-être, les traditions maritimes, le positionnement et l’histoire des épaves, les spécialités culinaires ou les randonnées à travers champs… Il y en a pour tous les goûts !
La découverte des phares à la nuit tombée est assurément la visite la plus incontournable de Kalon Eussa. Sous le phare du Stiff, la plus ancienne vigie érigée par Vauban, un véritable feu d’artifice s’offre aux visiteurs tandis qu’Ondine décrypte un à un l’origine et l’histoire des 19 feux qui scintillent pour orienter les hommes navigants dans ce dangereux bouillon qu’est la mer d’Iroise.
La sortie se termine au pied du phare du Créac’h (qui signifie promontoire) où l’ambiance est encore plus féerique avec la projection des 2 éclats blancs toutes les 10 secondes sur les rochers assiégés par la mer en furie. Émotions fortes garanties…