Entourée d’écueils et de forts courants, l’île Verte offre les conditions optimales pour l’apprentissage de la navigation. Cet îlot, occupé par l’école de voile des Glénans en saison, se distingue par son histoire et représente le parfait exemple de l’adaptation de l’homme à son environnement.
Un plan d’eau formateur
C’est la base favorite des « voileux purs et durs » de l’école des Glénans. Avec un marnage moyen de 7 à 8 mètres, les paysages de l’archipel de Bréhat sont en perpétuels mouvements selon l’heure de la journée et l’amplitude de la marée. Entourée de récifs à fleur d’eau et de forts courants, la base de l’île verte offre les conditions idéales pour l’apprentissage des techniques de navigation. « L’avantage à l’île verte c’est qu’on apprend vite, car on est confronté à toutes les difficultés en un seul et même jour » remarque Olivier Daures, responsable de l’école des Glénans à Paimpol qui y a appris l’art du « rase-cailloux ». « Le plan d’eau de Bréhat permet surtout de renforcer son expérience dans le domaine de la navigation et du pilotage. Les rochers peuvent être totalement recouverts ou à peine visibles à la surface de l’eau, d’où l’importance de connaître sa position et de savoir faire la liaison entre le paysage et la carte marine » précise cet ancien stagiaire toulousain qui avoue être venu à Bréhat pour tester sa passion pour la voile. « Je me suis dit que si je ne me plaisais pas c’est que je n’étais pas fait pour ça, et au final, j’y suis resté ! » Depuis, le jeune bénévole au pair a accumulé les miles et l’expérience et supervise aujourd’hui la base de Paimpol où les stages sont répartis sur trois sites en fonction des niveaux et des formations.
« Ses paysages en mouvement, son odeur sauvage, le bruit des oiseaux, le mode de vie insulaire… »
Le site de Paimpol est dédié à la croisière, de l’initiation jusqu’au perfectionnement pour les adultes et les juniors, sur le plan d’eau de l’archipel de Bréhat et jusqu’aux îles Scilly, Irlande, Angleterre, Écosse et Islande. À Coz Castel, sur les bords de la rivière du Trieux, sont organisés les stages débutants et les formations moniteurs, et enfin sur l’île Verte se déroulent les stages juniors. Olivier reste très attaché à cette île où il a été chef de site pendant deux saisons. « J’apprécie cet endroit pour son côté sélectif et préservé et pour l’ambiance de solidarité particulière qui y règne. » Bien que les conditions de vie y soient plus précaires, le site est très prisé par les encadrants pour le côté technique et pour la beauté du site. Bertrand Wetzel, l’actuel chef de site et moniteur breveté, partage son coup de cœur pour l’île verte, « Ses paysages en mouvement, son odeur sauvage, le bruit des oiseaux, le mode de vie insulaire… C’est un bonheur, une satisfaction et une fierté pour moi d’y travailler. » Bertrand est responsable de l’organisation logistique et humaine du site, de la sécurité des 5.7 Glénans sur l’eau, ainsi que du suivi des moniteurs (retour sur leur choix « navigation », leur séance pédagogie…). D’après Olivier Daures, le but du jeu est de permettre aux encadrants de prendre du plaisir et d’être créatif pour rendre l’apprentissage grisant et pour donner envie aux stagiaires de continuer à se former.
L’île verte, c’est « into the wild »
L’île Verte est un site paradisiaque pour les amoureux de la voile et de la nature.
Côté voile, des Open 5.70 sont à disposition des stagiaires. Ce type de voilier est particulièrement bien adapté au site. Les conditions de navigation y sont optimales, car le plan d’eau demeure protégé d’une forte mer, abrité des vents d’Ouest sous le Sillon du Talbert et des autres îlots et îles de l’archipel. Les courants souvent changeants et forts par grand coefficient de marée constituent autant de challenges à relever. La vie sur l’île Verte est rythmée quotidiennement par des cours de voile théoriques et pratiques, et par les repas qui sont un grand moment de convivialité. Un coup de main est demandé pour effectuer les petites tâches qu’impose la vie en communauté.
Un endroit naturel extraordinaire où l’on vit en symbiose avec les éléments
Si le dépaysement incessant de l’archipel selon les marées ravit les aficionados de la technique, il sied d’autant plus aux voyageurs dans l’âme. D’après Lily, qui occupe le poste de maîtresse de maison, « L’île verte c’est into the wild ! Un endroit naturel extraordinaire où l’on vit en symbiose avec les éléments. » De retour en Bretagne après avoir traversé l’Asie depuis la Chine jusqu’en Inde en passant par les steppes mongoliennes, la voyageuse au long cours peinait à trouver sa place dans la société. C’est au sein de l’école des Glénans qu’elle y parvient. « Ce qui me plaît ici c’est l’esprit de partage et de solidarité, et l’approche respectueuse avec le milieu marin. » Coordinatrice de la bordée, la maîtresse de maison assure la préparation des repas et l’entretien des lieux communs. Elle fait également office de « nounous », surtout auprès des « Jujus » les stagiaires juniors, les « Ska » (14-15 ans), et les « Jazz » (16-17 ans). « On est présent pour les coups de blues comme pour les coups de cœur des ados » précise tendrement la maîtresse de maison qui s’implique dans sa fonction avec autant d’enthousiasme que de sérieux, comme l’organisation l’y incite, chaque encadrant étant évalué par les stagiaires et par l’intendant via une fiche bordée qui permet de suivre l’évolution des bénévoles et de décider des affectations futures.