Conservation de l’environnement marin
«Quand un bateau jette lâancre sur le rĂ©cif, les ravages causĂ©s sur les vies fixĂ©e, animale ou vĂ©gĂ©tale peuvent ĂȘtre particuliĂšrement dramatiques» explique Cathy Young, project manager de la Reef Conservation Mauritius (RCM), «la chaĂźne, sous lâeffet de la houle et du vent, balaye le fond sur tout le secteur dâĂ©vitage du bateau». Il faut pourtant compter des annĂ©es avant que les coraux repoussent et puissent Ă nouveau abriter les poissons et devenir d’efficaces barriĂšres. Câest en partant de ce constat que la Reef Conservation sâest engagĂ©e dans un ambitieux projet de bouĂ©es dâamarrage, initiĂ© en lâan 2000 par les associations Shoals of Capricorn et Mauritius Marine Conservation Society. Quatre premiĂšres bouĂ©es financĂ©es par le Global Environment Facility – Small Grants Programme (GEF-SGP) Ă travers le programme de dĂ©veloppement des Nations Unis (UNDP), ont tout dâabord Ă©tĂ© installĂ©es dans les aquariums de Peyrebere et de Grand Baie.
Des bouĂ©es dâancrage permanent autour de Maurice et Rodrigues
Le succĂšs de ce projet pilote a ensuite incitĂ© le ministĂšre de lâenvironnement Ă Ă©tendre lâinitiative au niveau national. La Marine Conservation Management Consortium (aujourdâhui Reef Conservation Mauritius) a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2003 dans ce contexte pour gĂ©rer le projet toujours financĂ© par le GEP-SGP de lâUNDP. Dans un premier temps, l’organisation a placĂ© 16 bouĂ©es sur 8 sites stratĂ©giques afin d’empĂȘcher le plus de bateaux possible de jeter l’ancre et de mutiler les fonds marins. ComposĂ©e dâacier inoxydable, ces bouĂ©es en forme de crayon jaune peuvent amarrer jusquâĂ trois bateaux. Une perceuse hydraulique est dorĂ©navant utilisĂ©e pour installer les bouĂ©es dans le platier et assurer la pĂ©rennitĂ© de leur fixation. Afin dâoptimiser lâefficacitĂ© de ces bouĂ©es, l’organisation a menĂ© de front des actions de sensibilisation et de formation pour apprendre aux opĂ©rateurs d’activitĂ©s nautiques et aux plaisanciers Ă les utiliser correctement.
«Nous avons constatĂ© qu’il y avait plus de coraux et de poissons dans les lieux oĂč nous avons amĂ©nagĂ© les bouĂ©es»
Des suivis scientifiques sont effectuĂ©s rĂ©guliĂšrement pour s’assurer de l’efficacitĂ© du projet. «Nous avons constatĂ© qu’il y avait plus de coraux et de poissons dans les lieux oĂč nous avons amĂ©nagĂ© les bouĂ©es» prĂ©cise Sameer Kauder, biologiste marin de l’association titulaire dâun master en dĂ©veloppement durable obtenu Ă Paris Sorbonne 1. Ă ce jour, la Reef Conservation a placĂ© prĂšs d’une soixantaine de bouĂ©es en mer, principalement dans le Nord et l’Ouest de Maurice ainsi qu’Ă Rodrigues, dans la rĂ©serve marine de la RiviĂšre Banane. Seize dâentre elles ont Ă©tĂ© financĂ©es par le GEP-SGP de lâUNDP, dix autres par le MinistĂšre du Tourisme et cinq par la Barclays. Pamela Bapoo-Dundoo, coordinatrice nationale du projet souhaite dâailleurs âque le gouvernement et le secteur privĂ© prennent le relais, la GEF-SGP ayant dĂ©jĂ consacrĂ© pas moins de six ans Ă ce projetâ. Le groupe Veranda Resort est le premier groupe hĂŽtelier Ă avoir sponsorisĂ© l’installation d’une bouĂ©e dâamarrage permanent sur un site de snorkeling trĂšs frĂ©quentĂ© dans la baie de Grand Baie. L’hĂŽtel a Ă©galement participĂ© Ă une opĂ©ration de sensibilisation de la Reef en y invitant ses clients et une partie de ses employĂ©s. « Nous recherchons activement de nouveaux financements, notamment auprĂšs des groupes hĂŽteliers qui ont la possibilitĂ© d’intĂ©grer ce projet d’installation de bouĂ©e dans leur politique de responsabilitĂ© sociale, alliant ainsi protection et Ă©ducation » nous confie Cathy Young, nouvelle project manager de la RCM qui bĂ©nĂ©ficie d’une expĂ©rience enrichissante dans ce domaine aprĂšs avoir travaillĂ© pendant 10 ans pour des ONG environnementales Ă Trinidad et Tobago.
La protection de lâĂ©cologie marine commence dans la salle de classe
CrĂ©er des « club environnement » et des « coins nature » dans les Ă©coles primaires pour sensibiliser les Ă©lĂšves aux problĂ©matiques des Ă©cosystĂšmes marins. Câest avec ce premier projet pilote lancĂ© en 2006 dans 16 Ă©coles primaires du Nord du pays que la Reef Conservation a gagnĂ© sa crĂ©dibilitĂ© auprĂšs du secteur Ă©ducatif. «Nous avons reçu un excellent retour tant de la part des instituteurs que des Ă©lĂšves» se rĂ©jouit Sameer Kaudeer chargĂ© du volet Ă©ducatif de lâONG.
Un excellent retour tant de la part des instituteurs que des Ă©lĂšves
«Les profs ont pris conscience que lâactivitĂ© est complĂ©mentaire avec les cours de sciences, dâanglais, dâhistoire et de gĂ©ographie tout en faisant progresser le dĂ©veloppement personnel de lâenfant». Ă travers ce projet financĂ© par le GEF-SGP du programme de lâUNDP et par la Mauritian Scuba Diving Association, la Reef Conservation a dĂ©veloppĂ© un certain nombre dâoutils et de matĂ©riels (posters, CDâs Rom, manuelsâŠ) dĂ©diĂ©s Ă la dĂ©couverte du milieu marin mauricien et a organisĂ© des cessions de formation pour apprendre aux instituteurs Ă les utiliser tout en intĂ©grant les bases de lâĂ©cologie marine. «Le programme inclut une partie terrestre avec la dĂ©couverte des plantes, de leur croissance, et la diffĂ©rence entre une plante exotique et une plante endĂ©mique, ainsi quâune partie marine pour comprendre les enjeux de la protection de lâenvironnement marin et sensibiliser aux diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes et notamment aux rĂ©cifs coralliens» complĂšte Cathy Young, project manager de l’ONG.
Sensibilisation dans les Ă©coles publiques et privĂ©es et dans les Zones dâEducation Prioritaires
Forte de ce premier succĂšs, la RCM a dĂ©cidĂ© de renforcer son projet initial et de l’Ă©tendre Ă une quarantaine dâĂ©coles primaires de la cĂŽte Nord (pour des raisons de logistique). « Nous souhaitons toucher tous les groupes socio-Ă©conomiques, câest pourquoi nous sommes prĂ©sents aussi bien dans les Ă©coles publiques et privĂ©es, dans les Zones dâEducation Prioritairesâ (ZEP) et dans les Ă©coles spĂ©cifiques telle que lâANFEN (Adolescent Non-Formal Education Network) » prĂ©cise Sameer Kaudeer qui sâest donnĂ© pour mission de conscientiser les enfants mauriciens pour les motiver Ă protĂ©ger leur Ăźle, car pour lui « le meilleur moyen de faire changer les choses, câest Ă travers les enfants ». Pour arriver Ă ses fins, lâassociation a mis les bouchĂ©es doubles. BaptisĂ© « Marine Environmental Education for Primary Schools in Mauritius », le nouveau projet de la Reef Conservation est financĂ© Ă hauteur de 50 000 US $ par le GEF-SGP du programme de lâUNDP sur une pĂ©riode de deux ans jusquâen octobre 2010. Son ambition est de poursuivre la sensibilisation des jeunes Ă©lĂšves aux problĂ©matiques de l’environnement marin et surtout de collaborer avec le ministĂšre de l’Education pour intĂ©grer la thĂ©matique de l’environnement marin dans les livres de classe.
Inclure le thĂšme de l’environnement marin dans les livres de classe
LâĂ©quipe de la RCM travaille depuis quelques annĂ©es en Ă©troite collaboration avec le National Curriculum Centre for Research and Development qui est responsable de l’Ă©laboration des programmes d’Ă©tude pour les Ă©coles primaires, afin dâinclure le thĂšme de l’environnement marin dans les livres de classe. «Le thĂšme de la mer est transversal, et nous avons donc cherchĂ© Ă lâintĂ©grer dans diffĂ©rentes matiĂšres et pas uniquement au niveau des sciences» prĂ©cise Sameer Kaudeer, Ă©galement attachĂ© au thĂšme de l’insularitĂ©, «nous vivons sur une Ăźle et pourtant aucun manuel scolaire ne le mentionnait !» D’ici Ă la fin 2010, l’ONG aura installĂ©e des clubs environnement et des coins nature dans une soixantaine d’Ă©coles des cĂŽtes Nord et Est et aura sensibilisĂ© prĂšs de 2500 Ă©lĂšves et 120 instituteurs, sans oublier les 2400 familles concernĂ©es par extension. «Nous avons ciblĂ© les Ă©lĂšves de primaires qui agissent efficacement en dehors du cercle fermĂ© de l’Ă©cole et notamment auprĂšs de leur famille».
Le Beach Resource Centre
InaugurĂ© en septembre 2007, le Beach Resource Centre a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans le cadre du « pilot project for Marine Environmental Education and Resource Centres for Beaches in Mauritius », grĂące au soutien de la Beach Authority qui a lĂ©guĂ© et rĂ©novĂ© ce bĂątiment publique sur la plage de Peyrebere. L’ONG s’en sert comme plateforme d’Ă©ducation Ă l’Ă©cologie marine et s’adresse Ă un public diversifiĂ©. Des livres, DVDs et toute une palettes de jeux destinĂ©s Ă dĂ©couvrir les milieux marins mauriciens sont disponibles gratuitement sur le site qui est ouvert tous les jours de l’annĂ©e. Des journĂ©es « portes ouvertes » sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©es par l’Ă©quipe de la Reef Conservation qui propose des animations et cessions d’apprentissages. Des dĂ©bats interactifs s’improvisent parfois avec les visiteurs sur l’impact des activitĂ©s quotidiennes sur l’environnement et les comportements humains correctifs appropriĂ©s pour y pallier.
Divers cours sont Ă©galement dispensĂ©s Ă l’attention des opĂ©rateurs d’activitĂ©s nautiques et des pĂȘcheurs qui souhaitent approfondir leurs connaissances tant au niveau de l’Ă©cologie des coraux que de l’utilisation des bouĂ©es d’ancrage permanent.
Les Ă©tudiants de 14 Ă 21 ans sont invitĂ©s Ă venir au centre chaque samedi pour participer aux cours du « Club Mer  » afin dâapprendre les bases de lâĂ©cologie marine â depuis les principes de lâocĂ©anographie jusquâĂ lâĂ©tude des coraux en passant par les cĂŽtes rocheuses. Une fois cette premiĂšre partie intĂ©grĂ©e, les Ă©lĂšves suivent des cours de natations complĂ©tĂ©es par des cessions de secourisme et de snorkeling.
Le programme Ă©ducatif destinĂ© aux primaires comporte Ă©galement une journĂ©e au Beach Resource Centre et s’enchaine avec l’exploration du lagon Ă bord d’un bateau Ă fond de verre.