En matière d’électricité polluante, les territoires d’Outre-mer français sont «au rang des plus mauvais élèves mondiaux, comme la Chine ou l’Inde»
Le bilan carbone des départements et régions d’Outre-mer est désastreux d’après un rapport parlementaire réalisé par Ericka Bareigts, la nouvelle ministre des Outre-mer, lorsqu’elle était députée, et co-signé avec Daniel Fasquelle.
Dans ces territoires très ensoleillés où le potentiel en énergies renouvelables est important, la production d’électricité dépend pourtant majoritairement du pétrole et du charbon. En plus des lourds inconvénients de dépendance et de pollution, les énergies fossiles sont plus coûteuses dans les DOM-TOM – entre 150 et 200 euros pour produire un MWh avec une centrale thermique au charbon, de 200 à 250 euros, et jusqu’à 300 euros à Mayotte, pour un MWh dans une unité au fioul – qu’en métropole où le coût de production d’un MWh se situe entre 55 et 60 euros. A noter que les surcoûts de production des territoires d’Outre-mer sont pris en charge par les consommateurs français au titre de la Contribution au service public de l’électricité.
Au lieu de miser sur les énergies renouvelables pour ses réseaux insulaires, EDF a opté pour le rafraîchissement d’une partie de son parc de centrales thermiques
Et pour cumuler les désavantages, la production d’énergies fossiles ne garantit même pas la fiabilité de l’approvisionnement. Toujours selon le rapport, les coupures électriques sont monnaie courante en Outre-Mer avec en moyenne 457 heures de coupures entre 2008 et 2013 contre 79 heures seulement sans électricité pour la métropole. Dans certains territoires, les temps de coupures battent même des records : jusqu’à 1 655 heures soit 69 jours en Guadeloupe en 2009 et même 2 482 heures soit 103 jours en Martinique en 2011 !
Dans ce contexte, EDF, qui détient le monopole de distribution de l’électricité en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion et qui est investisseur minoritaire à Mayotte, au lieu de miser sur les énergies renouvelables pour ses réseaux insulaires a plutôt opté pour le rafraîchissement d’une partie de son parc de centrales thermiques. Entre 2012 et 2014, trois nouvelles unités fonctionnant au fioul sont entrées en service dans les territoires ultra-marins : Port-Est à la Réunion, Bellefontaine en Martinique et Pointe Jarry en Guadeloupe. Elles représentent un investissement total de 1,5 milliard d’euros.
À l’inverse, EDF n’a pas hésité à enterrer un ambitieux projet caribéen de géothermie.