Le carton ne craint ni le feu, ni l’eau ni les vermines
Il fallait oser et ils l’ont fait : construire une maison en carton sur Belle-Île-en-Mer si souvent balayée par les vents. Loin des idées reçues, cette chambre d’hôte en carton, construite comme extension d’une maison en pierre, n’a rien d’un cube, ne craint ni le feu car le carton est trop dense pour brûler, ni l’eau car le polyéthylène qui le recouvre le carton le rend totalement étanche et encore moins les vermines qui détestent la cellulose… Et, cerise sur le gâteau, elle a coûté deux fois moins cher qu’une maçonnerie classique.
Le coût de construction revient entre 900 et 1000 euros le m2. « Le carton a des performances thermiques trois fois supérieures à celle de la laine de verre, une résistance mécanique assurant tout risque sismique et une qualité acoustique offrant un silence optimal ! »
Autant d’arguments qui ont convaincu voire passionné Nicole et Alain Lenoble. Artiste de profession, Nicole utilise d’ailleurs le carton depuis des années dans la conception très réussie de mobilier et objets décoratifs qui agrémentent de façon originale les chambres d’hôtes.
Le carton c’est du béton
Il n’aura fallu que trois semaines de préparation en atelier, et, par chance, deux semaines de beau temps, pour le montage de la maison. La construction a consisté dans un premier temps à assembler des panneaux de 20 centimètres d’épaisseur, composés d’un assemblage de feuilles de carton ondulé, issues du recyclage papier et collées avec de l’amidon de maïs. Et Alain de préciser qu’ils sont eux-mêmes recyclables 7 fois après utilisation !
« Les panneaux ont ensuite été enchâssés dans une ossature en bois, comme un gros Meccano, devenant ainsi éléments porteurs… Murs, plafonds et planchers sont donc en carton » continue l’heureux propriétaire qui en rajoute au cas où l’on ne serait pas encore séduit par ce matériau, « le chantier n’a généré au total que trois sacs poubelle de déchet ! ». D’accord Alain, un dernier argument : « et pour finir, le carton ne comprend aucun composé organique volatile ».
Un écolodge pour laisser une île préservée à nos enfants
Amoureux de Belle-Île-en-Mer et écolos dans l’âme, les époux Lenoble mûrissaient leur projet d’extension de maison depuis 2010, à travers la mise en place de l’Agenda 21 de la commune de Locmaria, et avec le précieux soutien de la (CPIE) Maison de la Nature de Belle-Île-en-Mer.
« Nous sommes soucieux de laisser une île aussi préservée que possible à nos enfants et cherchons une qualité de vie en accord avec notre environnement et avec des relations humaines sincères et loin du système de consommation à outrance. »
Une rencontre fortuite nous a fait connaître Alain Marboeuf, gérant de la société Tera Nova qui développe ce nouveau concept de construction de maisons utilisant des I.P.A.C.® (Isolant Porteur Alvéolaire de Cellulose). Nous lui avons fait confiance sans garantie de résultat.
Aujourd’hui, nous sommes ravis de ce choix et espérons que ce procédé de construction recevra l’agrément d’éco-construction qu’il mérite. En attendant, la maison en carton sert de laboratoire aux expertises et mesures d’obtention des agréments. Nicole et Alain Lenoble escomptent bien décrocher l’écolabel européen pour leur chambre d’hôte, dont la porte est grande ouverte à tous les curieux !
Comme le souligne Alain Marboeuf, « Avant de poser des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes dont la fabrication utilise beaucoup d’énergie grise, pensons à isoler les maisons ».
Et pourquoi pas à donner un second souffle à des matériaux comme le carton, dont les applications ne cessent de se multiplier depuis 150 ans !