L’île-de-Bréhat, un site naturel préserve d’une beauté et d’une singularité exceptionnelles
L’île-de-Bréhat (Enez Vriad en Breton) s’avère être l’un des paysages marins les plus singuliers qu’il soit donné d’admirer. Les marées qui provoquent localement des marnages pouvant atteindre jusqu’à douze mètres transforment indéfiniment les paysages…
Une multitude de roches, îlots, récifs et bancs de sable émergent ainsi des flots pour y disparaître quelques heures plus tard. Par fort coefficient de marée, on a parfois l’illusion que la mer a déserté les lieux, tant d’innombrables cohortes de rochers roses viennent envahir ce gigantesque espace maritime qui s’étend jusqu’à l’horizon. Un véritable tableau de maître illuminé par d’étranges et successives compositions de lumières insensées projetées par les cieux…
Tous les ingrédients sont réunis pour combler les visiteurs en quête de dépaysement, de sérénité et de paysages d’exception.
Un climat agréable baigné par le Gulf Stream
Baigné par le courant du Gulf Stream, l’archipel bénéficie, tout au long de l’année, d’une douceur remarquable pour cette latitude. Les températures même au plus profond de l’hiver demeurent exceptionnelles. Les zones abritées des vents dominants de Nord-Ouest sont notamment très privilégiées. Avec la plage de sable blanc abritée du Guerzido, le sud de l’île est particulièrement agréable. La végétation et les nombreux jardins fleuris attestent de la douceur du climat.
On trouve d’ailleurs nombre d’espèces de plantes tropicales souvent ramenées d’expéditions maritimes. Au détour d’un sentier, vous découvrirez sans aucun doute mimosa, fenouil, palmier… D’après les données de Bretagne Environnement, les températures s’élèvent à 19 °C pendant l’été et la moyenne annuelle est de 13 °C.
Préservation de l’environnement et de la biodiversité
L’île-de-Bréhat est une île durable. Les premiers touristes ont investi l’île dès le milieu du 19e siècle. Malgré les nombreuses résidences secondaires qui ont alors vu le jour, les paysages fascinent toujours autant. Ce site naturel, grâce à la volonté des autorités locales et au concours du Conservatoire du Littoral, demeure très attractif et préservé.
Aujourd’hui, le principal objectif des élus de Bréhat est de concilier, la fréquentation touristique, la qualité environnementale et le maintien d’un tissu socio-économique. Bréhat demeure ainsi une île dont le seul mode d’accès est le bateau et où l’on ne trouve pas de voitures hormis quelques voitures électriques. L’île se visite à pied ou en louant un vélo.
L’archipel de Bréhat, une zone spéciale de conservation
L’île-de-Bréhat est classée zone spéciale de conservation au sein d’une très grande surface classée Natura 2000 (environ 40×20 kilomètres). La qualité et la quantité des habitats et des espèces le justifient pleinement. Plus de 120 espèces d’oiseaux, résidents ou migrateurs, fréquentent l’archipel. Il faut savoir que les estuaires à proximité du Jaudy et du Trieux sont des lieux de reproduction du saumon atlantique. Les phoques gris, principalement basés au Sept Îles voisines aiment à venir y séjourner, car la nourriture y est assurée. Certains Grands Dauphins comme le Dauphin de Risso peuvent s’y attarder.
Ces dernières années, l’île a su gérer nombre de dossiers épineux, comme le tri sélectif des déchets. Une politique de ramassage a été mise en place. Une incitation au compostage ainsi qu’une déchetterie ont vu le jour. Une barge débarrasse régulièrement l’île des matières comme le verre qui sont traitées sur le continent. Un autre point noir a été résorbé grâce à la mise en route d’une station d’épuration, ce qui soulage avantageusement une grande partie de l’est de l’île et en particulier les zones de mouillage avoisinantes. Une entreprise comme le rachat du moulin à marée du Birlot datant du 17e siècle et sa restauration sont des initiatives bienvenues qui permettent de mettre en valeur le patrimoine local.
Évènements nautiques de l’archipel
Le site de l’archipel de Bréhat est un espace remarquablement adapté à la pratique de nombreux sports nautiques.
La nature offre des conditions idéales pour apprendre à composer avec les éléments. Les courants qui peuvent atteindre une dizaine de nœuds par fort coefficient de marée, les rochers et récifs qui parsèment le plan d’eau et un vent changeant sont autant de défis que chacun peut relever, soit en s’inscrivant dans un des écoles ou clubs de l’archipel, soit en participant aux différentes manifestations nautiques organisées localement.
Régate des Lilas Blancs
La régate des Lilas Blancs réunit chaque année, depuis plus de trente ans, vers le début du mois de septembre, une soixantaine de participants au large de Bréhat. La régate se déroule sur deux jours, avec un prologue le samedi et au moins deux manches le dimanche. Ouverte à tous types de bateaux habitables, elle est reconnue comme la régate la plus importante des Côtes-d’Armor. Elle est organisée par le Loguivy Canot Club affilié à la fédération française de voile.
La régate a vu le jour dans les années 1970s grâce à l’initiative d’une bande de copains issus du milieu de la pêche et passionnés par la voile, ce qui fait toujours son originalité aujourd’hui. N’ayant pas de bateaux pour concourir, la joyeuse bande de copains s’adresse à Hélène Vianney, fondatrice de l’école de voile des Glénans, qui accepta de leur en prêter un à condition que la course porte le nom de Lilas blanc, en hommage au vieux thonier à bord duquel ont embarqué les premiers élèves des Glénans pour une campagne de pêche de trois semaines en 1947.
Transarmoricaine
La Transarmoricaine propose une régate sur 4 étapes ouverte aux catamarans de sport comme les Formules 18. Erquy accueille les participants qui devront rejoindre Bréhat après une trentaine de miles à travers la baie de Saint-Brieuc. Cette première étape a toutes les chances de se dérouler face au vent dominant d’ouest. Sous 20 à 25 nœuds, un joli spectacle est assuré à l’arrivée. Les deuxième et troisième étapes verront la flotte traverser à nouveau le plan d’eau bréhatin.
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Festival des Chants de Marins
Le rassemblement des Vieux Gréements a lieu en août tous les deux ans à l’occasion du Festival des Chants de Marins qui se tient dans le port de Paimpol. Une régate est organisée autour de Bréhat. C’est l’occasion d’observer la navigation d’une centaine de bateaux aux voiles de couleurs chatoyantes évoluant au milieu des roches roses et d’apprécier leur habileté à se jouer des vents et courants. Les amateurs de photos s’en donnent à cœur joie.
Îles en Phares
Îles en Phares est une course d’orientation pour kayakistes dont le théâtre de la manifestation est l’archipel. Il rassemble une soixantaine de personnes sont réparties en groupes de 3 pour effectuer le circuit. Si la compétition demeure un enjeu majeur, c’est aussi l’occasion d’une rencontre conviviale entre amoureux de la mer issus de Nantes, de la Somme ou de Brest… L’évènement organisé par le Centre Nautique de Paimpol Loguivy se termine par une fête amicale.
Contexte économique Bréhatin
Le développement de l’économie Bréhatine est indissociable de la capacité de l’homme à exploiter les ressources de la mer. L’île fut de tout temps un réservoir humain pour les compagnies maritimes, la marine nationale et la grande pêche. L’agriculture et l’élevage permirent en complément d’assurer une vie relativement décente aux insulaires.
Le tourisme démarra véritablement vers la fin 19e siècle. Cette amorce de fréquentation, principalement en provenance de Paris, entraîna la construction de très belles résidences. L’île devint une destination à la mode au même titre que Saint-Malo ou Dinard.
Néanmoins, cette nouvelle activité ne permit pas d’endiguer la désertion des lieux par les autochtones. La population, qui comptait environ 1500 habitants en 1800, s’élève aujourd’hui à 430 résidents permanents. La majeure partie des résidences (75%) n’est occupée que quelques semaines par an.
Développement du tourisme de l’île
Comme sur la plupart des îles bretonnes, le tourisme est très saisonnier. Si l’on compte jusqu’à 4500 visiteurs sur une seule journée en août, les chiffres décroissent très vite pour devenir insignifiants pendant l’hiver. C’est pourtant une excellente idée de venir visiter l’île hors saison. L’ambiance y est singulière, les lumières y sont très belles et on peut y pratiquer plusieurs activités, depuis le mois d’avril jusqu’à fin septembre.
Ces activités comme la voile, la pêche, le kayak, la plongée ou la randonnée palmée permettent de procurer des centres d’intérêt compatibles avec une économie de développement durable aux touristes qui envisagent de séjourner sur l’île.
Dans le même esprit, à noter le petit Théâtre du Kerano signifiant — maison sur la grève — qui propose des ballades contées pour découvrir, dans ses lieux les plus secrets, la merveilleuse terre de légende que représente Bréhat.
Si de nombreuses locations de maisons pour tous les budgets sont envisageables, les capacités hôtelières demeurent très réduites en pleine saison.
Une Histoire maritime riche
De nombreuses traces d’occupation humaine remontant à plusieurs dizaines de milliers d’années ont été trouvées sur Bréhat, dans l’archipel et sur les côtes avoisinante.
Abondamment fouillé et étudié, le site préhistorique Bréhatin de Goareva en atteste.
On ne peut réellement commencer à parler d’histoire maritime à Bréhat qu’avec l’installation des premiers moines venus d’Irlande et du Pays de Galles aux 5e et 6e siècles. Si l’on se réfère à la pierre sculptée reproduite et exposée à la toute proche Abbaye de Beauport, le type d’embarcation utilisé pour la traversée maritime semble être le Curragh, qui est encore utilisé aujourd’hui dans quelques îlots du nord de l’Irlande. On a pourtant peine à imaginer comment ces hommes purent affronter des mers aussi redoutées que la mer d’Irlande sur de si frêles embarcations réalisées en bois et en peau d’animaux. Il fallait être particulièrement motivé et posséder une force de caractère et un goût de l’aventure hors du commun… On peut s’interroger sur les raisons qui justifièrent leur installation sur des îlots minuscules comme l’île Lavret et l’île Maudez, où ils bâtirent des monastères.
Ces endroits étaient-ils choisis pour leur isolement propice à la retraite et à la méditation, ou constituaient-ils les seules terres arides concédées par les occupants de la région ?
Toujours est-il qu’au Moyen Âge un autre îlot, l’île Verte, fut à nouveau investi par des moines qui reconstruisirent un monastère sur les ruines du précédent datant du 6e siècle, il fut détruit au 11e par les Normands. Ils vécurent d’une économie de subsistance en ce lieu minuscule de 400 m de long sur 130 m de large. La surface cultivable était faible, néanmoins les alentours regorgeant de poissons, crustacés et coquillages, la nourriture y était toujours abondante et à portée de main. En croisant à proximité, on peut toujours admirer les ruines des murs de l’ancien monastère qui abrite aujourd’hui la célèbre école internationale de voile des Glénans.
De par sa situation géographique qui en fait une sentinelle sur la route maritime entre Saint-Malo et Brest, Bréhat connut des fortunes diverses au cours des siècles qui suivirent. Si les histoires de célèbres corsaires résonnent encore localement pendant les soirées locales des plus festives, on ne peut pas passer sous silence les travaux d’infrastructures ordonnés par Louis XIV et effectués par Vauban, dont le pont qui réunit encore aujourd’hui les deux îles.
L’histoire ensuite se confond avec l’histoire de la grande pêche en Islande. Le port de Paimpol fut ainsi le port d’attache de plus de 80 goélettes armées à la pêche, dont plusieurs d’entre elles relâchaient dans l’anse de la Corderie au Nord-Ouest de l’île de Bréhat.
Les souffrances endurées par les pêcheurs qui fréquentèrent ces eaux lointaines et inhospitalières pendant plusieurs décennies sont fort bien traduites dans Pêcheur d’Islande, le roman de Pierre Loti. Le musée de la mer situé à Paimpol retrace avec ferveur cette triste épopée au cours de laquelle périrent bien des marins travaillant dans des conditions inhumaines.