Une poche de 23 000 km2 située à – 3 000 m de fond pourrait contenir des milliards de barils équivalent pétrole
A quelques semaines du coup d’envoi de la COP21, Ségolène Royale a été contrainte de donner son blanc-seing à la recherche d’énergies fossiles.
Titulaires de permis d’exploration valables jusqu’au 30 décembre 2013, la Nigériane SOPETRO et la Franco-américaine Marex, attendent depuis bientôt deux ans la prolongation de cette autorisation, telle que prévue par le code minier.
Le canal du Mozambique suscite beaucoup de convoitises
Mis en demeure de répondre dans un délai d’un mois par le tribunal administratif de Saint-Denis de La Réunion, sous astreinte de 5 000 euros par jour, le ministère de l’Écologie – qui plaidait jusqu’ici la non-urgence – s’est finalement exécuté. Un arrêté du 21 septembre prolonge ainsi les droits des deux compagnies jusqu’au 30 décembre 2018.
Les compagnies, qui craignaient de voir remis en concurrence un permis de recherche pour lequel elles ont déjà investi 63 millions d’euros, ont expliqué à l’audience du tribunal administratif qu’elles souhaitaient désormais forer pour vérifier l’existence d’une poche qui pourrait contenir des milliards de barils équivalent pétrole, soit près de « dix années de consommation française », selon leur avocat. Sapetro et Marex disent ainsi vouloir investir 54 millions d’euros supplémentaires.
Le canal du Mozambique suscite beaucoup de convoitises. Entre les eaux malgaches, mozambicaines, tanzaniennes et françaises, 21 compagnies pétrolières y ont acquis des droits de prospection depuis une dizaine d’années. Et ces droits ne couvriraient que 30% de la zone d’étude.
Sur les cinq îles éparses du canal de Mozambique et de l’Océan Indien, Juan de Nova regorge d’important gisement pétrolier. Si les calculs du géologue et premier responsable de la société MAREX, Robert Bretagne, se confirme, le réservoir qui dort à Juan de Nova, est une poche de 23 000 km2 et se trouverait à 3 000 m au fond de la zone Juan de Nova maritime.
Une importance majeure pour la sauvegarde de l’avifaune à l’échelle de la planète
Juan de Nova est une île en croissant d’une superficie de 5 km2, protégée par un vaste lagon et une barrière corallienne qui abrite la plus grosse colonie de sternes fuligineuses de l’Océan Indien. En 1953, L’île produisait 53 000 tonnes de guano – l’excrément des oiseaux marins et des chauves-souris, utilisés comme engrais et qui sert aujourd’hui de matière de base pour une société malgache de renom en matière d’engrais bio.
Comme Europa et les autres îles Eparses, Juan de Nova revêt une importance majeure pour la sauvegarde de l’avifaune à l’échelle de la planète.
Contentieux diplomatiques entre la France et Madagascar sur la question de Juan de Nova
Située à 150 kilomètres de la côte ouest de Madagascar, l’île fut découverte en 1501 par l’Amiral portugais Juan de Nova lors de son voyage sur la route des Indes. Rattachée à la France, tout comme Europa, Bassas da India et les îles Glorieuses, elle fait l’objet de contentieux diplomatiques entre Paris et Antananarivo depuis 40 ans. La zone économique exclusive de Madagascar et celle de la France de par ces îles se super-positionnent. Le décret français souligne dans sa dernière ligne qu’un accord avec les Etats voisins devrait se faire en ce qui concerne cette délimitation. La question sur la restitution des îles Eparses, y compris Juan de Nova, devrait être traitée devant les Nations Unies.
Le 12 décembre 1979, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution ordonnant à la France de restituer les îles Eparses à Madagascar. L’année suivante, faute d’exécution de la résolution, la même Assemblée a demandé au gouvernement français d’entamer des négociations avec le gouvernement malgache en vue de trouver une solution conforme aux buts et principes de la Charte des Nations Unies…