Expéditions en kayak de mer… Une école de la vie
Yann Lemoine est littéralement habité par le kayak… Fort de plus de 30 ans d’expérience, il a trempé sa pagaie dans nombres de mers et océans en participant à un nombre impressionnant de raids et de randonnées, et notamment à une quinzaine d’expéditions dans l’Arctique. Ce passionné de Jack London et Paul Émile Victor a mis sa vie au service de sa passion pour le kayak qui est devenu une sorte d’outil lui permettant de tendre vers la réalisation de soi avec une approche philosophique… Une école de la vie !
Immersion totale dans l’environnement marin
Yann Lemoine a le don de transmettre sa passion pour le kayak et d’immerger les participants dans la merveilleuse nature des îles et du littoral. Les kayakistes en herbe sont peu à peu initiés à la lecture des paysages maritimes locaux. Au cours de la navigation, les rencontres sont fréquentes avec une multitude de résidents : oiseaux marins, phoques et éventuellement dauphins… Pas de cours magistral, mais une identification simplifiée sans noms latins souvent difficiles à mémoriser ; l’huîtrier pie se reconnaît par son bec rouge, quant à la sterne cagoulée, c’est l’oiseau au casque noir… Une interprétation pratique au vu de la quantité d’espèces que l’on peut découvrir en deux ou trois jours !
Bivouacs dans les îles et spaghettis aux algues
Pour les passionnés de grandes marées, il existe une option qui intègre découverte et pêche sur l’estran. Vous naviguez tout d’abord vers l’un des îlots qui se découvrent à marée basse. Une halte de deux ou trois heures est ensuite prévue pendant le jusant pour aller dénicher un tourteau au fond de son trou ou une étrille sous son caillou… On découvre, tel un trésor de la nature, des huîtres égarées suite à une tempête et devenues sauvages ou des palourdes et praires enfouies dans le sable… Notre guide nous apprend aussi à ramasser quelques algues afin de les déguster avec des spaghettis… Un excellent plat diététique pour le dîner. Il est justement temps de trouver un coin pour le bivouac. L’équipée profite du flux pour partir à la conquête de nouveaux espaces et trouver un petit coin paradisiaque et abrité pour passer la nuit et observer avant le coucher de soleil qui durant la période estivale se distingue généralement par ses lumières chatoyantes. Les amateurs de photos sont d’ailleurs souvent surpris par l’étendue de la palette de couleurs capturées.
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Le retour des phoques dans l’archipel : un bon signe
Les randonnées en kayak permettent à tout un chacun d’assouvir sa soif de découverte, tant au niveau de la nature que de l’histoire… Il est possible de trouver des traces d’implantations humaines lointaines sur nombre d’îlots de l’archipel et Yann se fait un plaisir de vous en conter les histoires et légendes. Aujourd’hui, ce sont les animaux qui ont recolonisé l’archipel, et notamment les phoques gris que l’on peut aisément observer en sillonnant entre les îlots. Il est préférable de profiter de la basse mer, période à laquelle ils paressent sur quelques belles roches plates, attendant dans une pose lascive le retour de l’eau pour partir à la pêche.
Le retour de ces animaux dans l’archipel est un signe positif quant à la qualité des eaux. En posant pied-à-terre, les visiteurs peuvent remarquer la présence de la salicorne ou « choux de mer », une espèce protégée souvent appréciée pour la quantité d’eau qu’elle contient. Sur le chemin du retour, imitant votre guide, vous apprenez à utiliser la force des puissants courants et contre-courants de marée, qui peuvent atteindre jusqu’à huit noeuds dans certaines conditions (!), et mettez le cap vers la destination finale.
Construction de kayaks traditionnels inspirés des Inuits
Yann Lemoine est un navigateur esthète. Sa passion pour la mer, les bateaux et les voyages lui a permis d’acquérir une excellente connaissance de la construction des kayaks traditionnels. L’essentiel de la technique lui fut prodiguée par les maîtres en la matières, à savoir les Inuit, au cours de ses nombreuses expéditions au Groenland… « C’est ma seconde résidence, un de mes terrains de jeux favoris. »
Le bout de bois, l’Homme et son rabot doivent être en harmonie
Lors de ses escales bretonnes, notre guide polaire propose de le rejoindre à Kerity, non loin de Paimpol, pour une construction assistée de votre kayak. On est très loin des standards industriels. Ici vous construisez une embarcation adaptée à votre morphologie, votre poids, votre programme de navigation, et surtout le type de mer rencontrée. L’artisanat avec ses lettres de noblesse… « Le bout de bois, l’homme et son rabot doivent être en harmonie » comme le répète souvent Yann Lemoine.
Un challenge personnel et la découverte de méthodes ancestrales
Avec quelques « bouts de bois » de pin maritime local, savamment dénichés auprès d’une scierie des environs, vous créez un gabarit dont le cintrage et le relevé de la proue vous donnent déjà une bonne idée du programme que vous envisagez. Puis, viennent dans l’ordre, la pose des couples après cintrage des bois de chêne à l’étuvée, un assemblage à la corde de sisal — sans un seul clou dans toute la construction du kayak —, puis la pose d’une toile de coton importée d’Écosse.
Au final, vous voilà le fier propriétaire et constructeur d’un kayak d’environ 20 kilos, pouvant mesurer jusqu’à 6 mètres et possédant les performances dont vous rêviez pour le prix d’un kayak industriel… Et surtout, vous voilà riche d’une expérience humaine unique, fort de la découverte de méthodes ancestrales, et d’un challenge personnel où les conseils prodigués et les outils prêtés vous permettent d’accéder à une forme d’expression unique. Une petite parenthèse dans une vie trépidante où on ne prend pas assez le temps… Il faut compter une dizaine de jours pour achever la réalisation du kayak, avec la possibilité de combiner quelques sorties en mer.
Après le kayak… La construction de la pagaie double
Autre activité singulière pratiquée : la fabrication de pagaie double. Avec la même philosophie que celle employée pour la construction du kayak, vous réalisez, à partir d’un morceau de bois, un outil très surprenant totalement adapté à votre morphologie et au type de navigation auquel vous vous destinez. Cette technique de fabrication de la pagaie double trouve à nouveau son origine dans le Grand Nord avec les Inuit. Il s’agit en fait de bien calculer sa longueur et de sculpter un volume adapté. Il faut avoir effectué quelques heures en mer avec de bons creux et un bon force 5 ou 6 pour commencer à comprendre l’intérêt de ce type de dessin !