Un Ă©ventail de savoir-faire traditionnel quâil est urgent de redĂ©couvrir
De nouveaux oiseaux qui viennent peupler les ßles, des espÚces végétales qui disparaissent, le trait de cÎte qui recule, les coraux qui blanchissent.
Dans le Pacifique, lâinquiĂ©tude se fait sentir. « En 2010, un maire de lâarchipel des Tuamotu a Ă©crit aux Ă©lus des Ăźles Marquises pour leur demander lâasile climatique, cela nous avait interpellĂ©s », rapporte Pascal Erhel Hatuuku venu participer aux rencontres intitulĂ©es « Peuples autochtones face aux changements climatiques » qui se sont tenues Ă lâUnesco, Ă Paris.
« Les gens ont lâimpression que les grands enjeux se passent trĂšs loin dâeux. » Or, si urgence il y a, elle est plutĂŽt Ă chercher ce qui peut permettre de relever les dĂ©fis de lâadaptation et de lâattĂ©nuation au changement du climat.
« Par exemple, les maisons traditionnelles, les « fare », sont dĂ©jĂ des constructions bioclimatiques. Aux Tuamotu, les jardins dâatoll sont posĂ©s sur du corail, on parvient pourtant Ă y cultiver des tubercules, des taros, en creusant pour se rapprocher de la lentille dâeau douce : câest de la permaculture avant lâheure ! » Des silos Ă fermentation creusĂ©s dans le sol, capables de conserver des graines de lâarbre Ă pain durant quatre Ă cinq ans, Ă lâefficacitĂ© de la pagaie en forme de tĂȘte dâoiseau, il recense ces coutumes dĂ©clinantes qui ne requĂ©raient pourtant pas de dĂ©bauche dâĂ©nergie fossile.
Le succÚs des aires marines protégées éducatives
Aux Marquises, il est en train de mettre en place plusieurs aires marines protĂ©gĂ©es Ă©ducatives dont sont responsables des Ă©coliers, en sâappuyant sur la notion ancestrale du « Rahui » coutumier, qui prĂ©voit un accĂšs limitĂ© Ă certaines ressources. GĂ©rer les rĂ©serves halieutiques, demander aux parents dâaller mouiller leurs bateaux de pĂȘche plus loin donne lieu Ă des dĂ©bats animĂ©s, tout aussi essentiels.
LâidĂ©e a sĂ©duit Ă Paris. Mercredi 2 dĂ©cembre, dans lâenceinte de la COP21 au Bourget, SĂ©golĂšne Royal a signĂ© un accord avec le prĂ©sident de la PolynĂ©sie française, Edouard Fritch, pour promouvoir cette charte Ă©ducative. « Il faudra bien au moins une gĂ©nĂ©ration, celle des enfants, pour que passe vraiment le message de lâindispensable sauvegarde des ocĂ©ans », a commentĂ© la ministre de lâĂ©cologie.