Depuis une dizaine d’années, les pêcheurs observent un déclin au niveau des captures de thon, d’espadon et de barracuda qui sont autant de preuves de l’impuissance des insulaires à arrêter la pêche illégale.
La pêche ne serait autorisée aux insulaires que dans un cercle de 50 miles autour des côtes
La solution proposée pour protéger les stocks de poissons est donc de créer cet immense parc marin s’étendant sur environ 445 000 km2, en grande partie interdit de toute pêche.
La pêche ne serait autorisée aux insulaires que dans un cercle de 50 miles autour des côtes ainsi que dans un couloir menant à Sala y Gomez, petites îles inhabitées à l’est, où un parc marin existe déjà. Hormis ce petit secteur, la pêche serait donc interdite dans des cercles se chevauchant d’un rayon de 200 miles autour des îles de Pâques et Sala y Gomez.
L’enjeu de ces immenses aires marines protégées est de pouvoir les contrôler, sachant qu’il faut compter six jours pour rejoindre l’île depuis le continent. La marine chilienne a déjà mené cette année dix opérations contre la pêche illégale, et a contribué à inscrire sur liste noire le chalutier-usine Lafayette (299 mètres). Elle devrait justement renforcer ses contrôles dans la zone dans le cadre de la création de la réserve marine.
« Afficher un leadership international sur la conservation de l’océan »
Le projet est soutenu par la majeur partie de la population qui y voit une opportunité de protéger ses ressources halieuthiques et de redorer le blason de leur île devenue le malheureux symbole de la déforestation.
S’ils sont rares sur l’île, les quelques opposants se méfient du gouvernement chilien, qui dans les années 1950 a créé le parc national terrestre sans impliquer les locaux. Si le parc est aujourd’hui un succès au regard du nombre de touristes, les retombées ne sont pas équitablement partagées avec les autochtones. Par ailleurs, ils voient une forme de privatisation de cette zone océanique par le Chili, dont l’activité minière est la plus grande industrie, et qui se réserverait ainsi un futur potentiel minier en haute mer pour les métaux.
Fervent partisan du parc, le ministre des Affaires étrangères du Chili a d’ailleurs annoncé le parc marin comme « un leadership international sur la conservation de l’océan ».
Le projet de réserve marine est soutenu, une fois n’est pas coutume, par la fondation Pew, ainsi que la fondation Bertarelli. Il s’inscrit dans un plan de grande envergure, baptisé Global Ocean Légacy dont le but estde créer une quinzaine de réserves de ce genre à travers le monde d’ici 2022. Les aires marines protégées de Hawaii, de la fosse des Mariannes et des Chagos en font partie.