Des baleines à bosse « amaigries » par le manque de nourriture dans l’Antarctique
« Le changement climatique affecte les baleines », déplore Cristina Castro, biologiste équatorienne interrogée par l’AFP à Puerto Lopez, où depuis 18 ans elle observe les baleines à bosse.
Comme d’autres espèces, ces cétacés descendent jusqu’à l’Antarctique pour s’alimenter, puis remontent à l’Equateur pour se reproduire. Mais ce tracé est perturbé par le réchauffement des eaux, qui désoriente les baleines et chamboule leur parcours.
« Les baleines à bosse ne s’arrêtent plus à l’Equateur. Elles remontent jusqu’au Costa Rica, vont et viennent durant toute la saison. Nous avons repéré des trajets de plus de 10 000 km depuis l’Antarctique jusqu’à des zones d’alimentation au Brésil et même en Afrique », s’inquiète la biologiste.
La réduction du krill et l’acidification des océans affectent les baleines
Le réchauffement de la planète « :affecte tous les écosystèmes, en particulier l’Antarctique », confirme Mariano Sironi, spécialiste argentin des baleines franches australes (Eubalaena australis). Il réduit la quantité de kril, base de l’alimentation des baleines, dans les zones polaires où ces mammifères en ingèrent plusieurs tonnes par jour afin d’engraisser avant d’entreprendre leur migration.
Roger Payne, scientifique américain qui a fait connaître le chant des baleines de la Patagonie dans les années 70, tire le signal d’alarme aussi sur l’acidification des océans, également due au changement climatique et qui met en danger la reproduction des cétacés.
« Avec l’enquête que nous avons menée en Argentine ces 45 dernières années, nous avons la preuve de l’effet du changement climatique sur l’une des principales espèces marines: les femelles ne mettent bas que lorsque les conditions pour alimenter leurs petits sont favorables », a-t-il précisé à l’AFP.
A Puerto Lopez, Cristina Castro a observé des baleines à bosse « amaigries » par le manque de nourriture dans l’Antarctique et les migrations plus longues.
Tout comme la baleine bleue, les populations de baleines à bosse « ne montrent plus de signe d’augmentation », avertit la présidente du Centre de conservation des cétacés du Chili, Barbara Galletti, qui les observe depuis 15 ans.