Pour avancer, il faut afficher un rêve, pour catalyser les énergies, frapper les imaginations
Les enjeux de la COP 21 sont d’abord politiques, mais sur les îles, le réchauffement, c’est la réalité !
Pour Alain Gioda, historien du climat à l’UMR de Montpellier à l’IRD, « la COP 21 ne peut pas être un succès total mais cela peut montrer qu’on peut faire mieux. Pour avancer, il faut afficher un rêve, pour catalyser les énergies, frapper les imaginations. À El Hierro, les « 100% d’énergies renouvelables », c’est un objectif pour mettre la barre très haut. »
Il y a toujours des réticences. L’expérience montre qu’il y en a de deux formes face à ce genre de projets. Certains se méfient des sciences de l’ingénieur. Ils n’aiment pas les machines. D’autres, à l’inverse, pensent que les technologies sauront tout résoudre. Ceux-là parlent parfois de « l’écologie de la chèvre ou de la bougie ». Entre ces deux groupes, il y a un large espace que je propose d’occuper.
« Pour que cela marche, il faut que les gens s’approprient leur territoire »
C’est ce qui se passe à Samsø, une île du Danemark (où l’électricité provient en totalité d’énergies renouvelables). Ce n’est qu’une fois cette appropriation faite que des techniciens peuvent apporter des solutions. À El Hierro, on est un peu entre les deux. Le projet n’est pas né de la base. C’est au départ un projet technologique d’un élu. Mais les gens se le sont approprié en portant presque toujours les tenants du projet au pouvoir par les élections depuis plus de 30 années.
L’énergie des îles est souvent produite par des énergies fossiles dont le mode de production revient plus cher que les énergies renouvelables (entre 2 et 5 fois plus).
La production locale d’énergie, c’est une indépendance plus grande, un risque moindre de conflits armés et une opportunité extraordinaire de développement d’un territoire. La santé publique est aussi une forte motivation, quand la pollution de l’air devient trop forte par exemple.
En fait, tout est déjà prêt pour une vraie transition énergétique. Il ne manque qu’un engagement humain et une volonté politique face aux lobbies quelquefois surpuissants. C’est aussi une affaire de génération.