« On ne déménagera pas, on construira, c’est tout »
Si les tempêtes sont plus fortes, les saisons des pluies plus longues, et le blanchiement du corail menace de frapper à nouveau, paradoxalement, les Maldiviens semblent moins se préoccuper de leur avenir que les observateurs étrangers.
Archipel de 1200 îles, les Maldives sont disséminées sur 840 km de long, à 2,40 m au-dessus du niveau de la mer. Le Président, Abdulla Yameen Abdul Gayoom, parlait d’acheter des terres au Sri Lanka voisin pour y installer ses 350 000 habitants.
Interrogé par le reporter de Libération, Thomas Le Berre, un Français ingénieur côtier marié à une Maldivienne, travaillant aux Maldives depuis seize ans, affirme, « on ne déménagera pas, on construira, c’est tout. En revanche, ce qui va disparaître, c’est un mode de vie. Tout le monde finira par se regrouper à Malé et à Hulhumalé ».
L’île artificielle Hulhumalé compte 40 000 habitants et pourrait accueillir encore 180 000 habitants grâce à une extension de sable
Large d’1 km et longue de 2 km, Malé, l’île-capitale, compte 150 000 habitants, ce qui en fait l’une des villes les plus densément peuplées au monde. Un tiers des Maldiviens vivent dans la capitale, qui a doublé de surface depuis les années 80. Erigée à 20 minutes de ferry de Malé, Hulhumalé, construite à 2 mètres d’altitude à partir d’un petit banc de sable, est une banlieue florissante de 40 000 habitants.
Sous la direction d’ingénieurs belges, 240 nouveaux hectares de sable ont surgi, ce qui permettrait d’accueillir encore 180 000 habitants. Lesquels semblent pour l’instant plus attirés par la société de consommation qu’inquiets du niveau de la mer.
« Depuis quinze ans, on dit aux gens que la mer va monter. Mais ils ne le prennent pas au sérieux, pensent qu’il suffira de remonter les îles de quelques mètres ou de construire sur pilotis. L’écologie n’est qu’un argument touristique, c’est la seule raison pour laquelle les tortues, les requins ou les coraux sont protégés. »