Les sacs jetables : une menace pour les cétacés, tortues et oiseaux marins
D’après Stéphane Ciccione, directeur du centre de soins Kélonia à la Réunion, « presque toutes les tortues qui arrivent ont du plastique dans l’estomac. Les gens sont responsabilisés, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg« . Même constat pour l’Office national de la chasse et de la faune sauvage de Martinique : si l’interdiction des sacs jetables permet de régler le problème des déchets plastiques à la source, les tortues avalent toutes sortes d’autres déchets, comme des pelotes de fil en nylon utilisée par les pêcheurs.
« Même en petits morceaux, le sac plastique reste indigeste. Il se retrouve en microparticules dans l’estomac des tortues ou poissons« , précise Mariane Aimar, responsable pédagogique de l’Ecole de la mer, en Guadeloupe. Pour elle, il faudrait une concertation régionale dans toute la Caraïbe, pour en finir avec les sacs. « Si tout le monde arrête vraiment, on peut s’attendre à des effets dès l’année prochaine« .
La Polynésie française et la Nouvelle Calédonie devraient bientôt suivre le mouvement pour lutter contre le plastique
Si l’interdiction est accueillie avec enthousiasme en métropole et particulièrement dans les département d’Outre mer où résident nombres d’animaux touchés par ce fléau, elle n’est pas applicable dans en Polynésie française et en Nouvelle Calédonie où l’environnement est une compétence locale et non nationale. Mais face à l’extension de la menace sur nombre d’espèces résidentes, les autorités locales ne devraient pas tarder à la faire entrer en vigueur sur leur territoire.
« Les sacs ont un impact important sur la faune marine. Il faut trouver une alternative« , insiste Matthieu Petit, biologiste responsable de la clinique des tortues de Moorea, en Polynésie. « Il faut qu’on bannisse le plastique des océans« . Une nécessité aussi pour Marc Oremus, du World Wildlife Fund (WWF) à Nouméa. Les sacs jetables sont « un fléau pour les cétacés, les tortues, les oiseaux« , dit-il, évoquant ces deux baleines à bec échouées dans le sud de l’île, des sacs dans l’estomac. Ils dégradent aussi les mangroves en se coinçant dans les racines de palétuviers, souligne l’association environnementale Caledoclean.
A Mayotte, l’interdiction des sacs plastiques à usage unique est intervenue en 2006. Un arrêté préfectoral avait anticipé leur impact néfaste sur l’environnement, et notamment sur les espèces animales fréquentant le lagon. Il ne reste dans l’île que les sacs plastiques alimentaires, plus fins, qui ne seront interdits qu’au 1er janvier 2017 dans toute la France.