Jamais la planète n’a perdu ses espèces animales aussi vite depuis la dernière extinction de masse
La Sixième extinction d’aujourd’hui est unique dans le sens où les plus grandes espèces, comme les grands requins blancs, les baleines bleues et le thon rouge du sud, sont acculées au bord du gouffre, en raison de la tendance de l’homme à pêcher des espèces plus grandes plus souvent que les plus petites. Les conséquences, selon une étude publiée dans la revue Science, ce mercredi 14 septembre, ont un effet dévastateur pour l’écologie des océans du monde qui voient les gros animaux disparaître plus rapidement que les petites espèces.
Selon les chercheurs, c’est la première fois de l’histoire de la Terre que ce phénomène est observé. Durant les cinq précédentes extinctions, les disparitions n’étaient pas sélectives. «Si cette extinction était uniquement liée au changement climatique, on aurait observé le phénomène de sélection dans le passé, quand les températures étaient bien plus élevées qu’aujourd’hui, ce qui n’est pas le cas, explique Noel Heim. La seule raison possible à cette sélection reste donc l’exploitation du système marin par l’homme et la surpêche».
En effet, les animaux ciblés par la pêche sont en général des espèces à fort potentiel nutritif et donc généralement les animaux les plus gros.
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Une perte sélective d’espèces n’a pas les mêmes conséquences écologiques qu’une extinction répartie sur l’ensemble d’un écosystème
Or, les animaux de grande taille sont indispensables aux écosystèmes. Ils sont généralement au sommet de la chaîne alimentaire et leur importance pour le cycle des nutriments et le transfert des éléments nutritifs entre les différents milieux est capitale. «Leur disparition entraînerait donc un déséquilibre du milieu dans son ensemble», déplore Jonathan Payne, paléobiologiste à l’Université de Stanford et coauteur de l’étude en citant comme exemple la perte du grand Triton, prédateur principal des étoiles de mer « couronne d’épines » mangeuses de corail dont la croissance explosive semble être l’une des raisons de la destruction de récifs coralliens entiers…
Un constat alarmant partagé par Nicolas Mouquet, écologue et chercheur CNRS au Centre pour la biodiversité marine, l’exploitation et la conservation. «On ne voit pas ce qu’il y a sous la mer mais les dégâts sont sans précédent et nettement plus importants que ce qu’on peut constater sur les écosystèmes terrestres». Selon lui, l’exploitation du milieu marin équivaut à une «déforestation quasiment multipliée par cent». En effet, la vitesse de destruction du milieu marin s’effectue à une vitesse bien supérieure, car l’intensité de l’exploitation est également supérieure. «Quand des chalutiers arrivent sur les côtes et lancent leurs filets, la destruction du milieu est quasi instantanée.»
D’après Douglas McCauley, écologiste à l’Université de Californie, nous devons commencer à repenser la façon dont nous protégeons nos océans. La plupart des réserves marines que nous avons sont de petits parcs, de la teille d’un parcours de golf qui sont adaptés pour les étoiles et les escargots de mer, mais pour les requins, les raies, les baleines et les espèces de poissons migrateurs, une grande partie de l’océan reste une zone dangereuse.