Le commerce de la viande de requin a grimpé en flèche, augmentant de 42% depuis 2000
Selon un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le commerce global des ailerons de requins a diminué, probablement en partie grâce à la mobilisation. Cependant, les requins représentent plus que les ailerons, et le commerce de la viande de requin a grimpé en flèche, augmentant de 42% depuis 2000. Plus de 117 000 tonnes de viande ont été exportées à l’échelle mondiale en 2011, avec 17 500 tonnes d’ailerons de requin.
« Nombre de gens bien intentionnés sont convaincus que les requins ne sont menacés que par le « finning » », a déclaré David Shiffman, spécialiste des requins bien connu à l’Université de Miami. Le scientifique fait valoir que l’accent mis sur les ailerons de requins détourne l’attention sur des actions plus importantes de conservation.
Pour Shelley Clarke, scientifique spécialiste des requins et l’un des deux co-auteurs du rapport, « les ailerons sont une cible facile pour les militants issus des pays où il n’y a aucun attrait gustatif pour ces mets chinois. Il est relativement facile d’interdire un produit que vous ne consommerez jamais ».
Les écologistes pourraient examiner les pratiques de leurs pays avant de dénoncer celles de leurs voisins
Aux États-Unis, la pratique du « finning » des requins a été interdite par le gouvernement fédéral depuis 2000. Mais la fin de cette pratique cruelle ne signifie pas pour autant que les ailerons ne sont pas vendus. Selon le rapport de la FAO, les États-Unis ont exporté près de 38 000 kg d’ailerons de requins en 2011, un an après que le Congrès ait exigé que les requins soient ramenés à terre avec leurs ailerons naturellement attachés.
En outre, de telles initiatives ne s’étendent pas aux cousins des requins, qui composent 75% de la capture US de requins et de leurs parents dans la branche chondrichthyens ou poissons cartilagineux.
Les États-Unis se situent au cinquième rang à l’échelle mondiale des captures de chondrichtyens en 2011, capturant plus de requins et de raies que la Corée du Sud, le Japon et la Thaïlande combinés ! Les États-Unis représente le troisième plus grand exportateur de chondrichtyens en volume et le deuxième plus grand en valeur.
Peut-être encore plus surprenant que le volume des captures, ce sont les pays où est vendue la viande : les trois principaux importateurs de viande de requin pêchés aux US sont la France, l’Allemagne et le Canada, tandis que les raies pêchées aux ont été principalement exportées en Corée du Sud, en France et au Royaume-Uni.
Les plus grandes captures actuelles de l’Europe – les requins bleus, les requins mako, les émissoles et les requins chat – ne sont pas réglementées et leur durabilité n’a pas été évaluée
L’Union européenne a certes fait de grands pas au niveau de la conservation des requins dans les deux dernières décennies, avec notamment la mise en œuvre de règles strictes relatives au débarquement obligatoire des ailerons rattachés au corps et à la fermeture de certaines pêcheries non durables. Pourtant, les plus grandes captures actuelles du bloc – requins bleus, requins mako, émissoles et requins de chat – ne sont pas réglementées et leur durabilité n’a pas été évaluée.
Il faut élever la conversation des requins au-delà de la Chine et de la soupe d’ailerons
« Nous devrions éviter de pointer du doigt certains pays », a conseillé Clarke. « Nous avons besoin de systèmes à grande échelle et d’une gestion internationale » – ce qui explique pourquoi le rapport de la FAO recommande la mise en place d’un système de codes des produits standardisés par produit pour rendre plus clair ce qui est importé et exporté dans le monde entier.
En raison de l’absence de normes internationales, une boîte étiquetée « viande de requin » pourrait contenir de la poudre, des ailerons frais ou congelés ou des filets de toute espèce de requin. Parfois, certains produits de requins ne sont même pas étiquetés, et sont placés dans les catégories de poissons non identifiés.
Aussi banal que cela puisse paraître, une meilleure tenue des dossiers aurait un impact plus important sur la conservation des requins que toute interdiction sur la collecte ou le commerce d’ailerons de requins.