Un paquebot à l’arrêt pollue autant qu’un million de voitures en termes d’émission de particules fines et de dioxyde d’azote
Dans un courrier rendu publique mercredi 7 septembre, Benoît Payan et Josette Sportiello, présidents respectifs des groupes socialistes de la Ville de Marseille et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, demandent à Ségolène Royal de « diligenter une étude sur l’impact sanitaire et environnemental des émissions de ces bateaux dans l’atmosphère » et de « tout mettre en oeuvre pour que des solutions soient trouvées et mises en oeuvre ».
Chaque jour, des dizaines de navires de croisière transportant des milliers de passagers stationnent dans la cité phocéenne le temps d’une escale. S’ils sont à quai, les moteurs des navires continuent pourtant de tourner – faute de solutions alternatives et par soucis d’économie – pour alimenter en électricité les restaurants, cuisines, salles de loisirs ou l’air conditionné… Ces paquebot peuvent embarquer jusqu’à 6 000 passagers et 2 000 membres d’équipage, soit l’équivalent d’une ville !
Selon l’ONG Transport and Environment, environ 50 000 morts prématurées en Europe sont imputables à la pollution atmosphérique maritime qui pourrait être réduite de 80 à 90% par des mesures simples.
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Interdiction des carburants avec plus de 0,1% de soufre et réduction des taxes portuaires et droits de passage pour les bateaux les plus propres
Marseille est l’un des dix premiers ports de croisière au monde, avec 1,45 million de croisiéristes accueillis en 2015, en hausse de 10,7%. France nature environnement (FNE) et l’ONG allemande Nabu ont mesuré qu’un paquebot à l’arrêt polluait autant qu’un million de voitures, en termes d’émission de particules fines et de dioxyde d’azote. Les deux ONG demandent aux armateurs d’utiliser un gazole moins chargé en soufre et l’installation de filtres à particules sur les navires.
Elles demandent également l’interdiction en Méditerranée de carburant avec plus de 0,1% de soufre et préconisent la réduction des taxes portuaires et droits de passage pour les bateaux les plus propres, à l’instar de Singapour.
Au-delà de la pollution atmosphérique, les bateaux de croisières émettent aussi de nombreux déchets rejetés directement dans l’océan, comme les eaux usées, sans parler de la pollution visuelle… Certains yachts ressemblent à de véritables sapins de noël, restant éclairés durant toute la nuit depuis la coque jusqu’aux coursives… Si les propriétaires se satisfont de cette visibilité outrancière, cette pollution nuit autant à la qualité de l’air qu’aux oiseaux, poissons, tortues et autres mammifères marins et mériterait d’être contrôlée.