L’épisode de blanchissement de corail de février à mai 2016 est finalement demeuré assez «limité, avec en moyenne 2 à 5% de coraux blanchis»
L’état de santé des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie – les plus importants au monde après ceux de la Grande Barrière australienne – n’avait jamais autant inquiété les scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Nouméa. Au plus fort du blanchissement, plus de 90% des récifs coralliens de la Grande Terre et des récifs éloignés d’Entrecasteaux étaient concernés, explique Claude Payri, directrice de recherche à l’IRD. En Polynésie française, à La Réunion et à Mayotte, le phénomène s’est déclaré plus tardivement et avec une intensité moindre.
Le blanchissement est un signe de stress des coraux, qui perdent leurs micro-algues, ces organismes qui en font des récifs vivants. D’après les météorologues et océanographes, la surchauffe anormale de l’eau de mer enregistrée durant plusieurs mois dans la région en l’absence d’alizés est en cause. Les eaux de surface ont connu un record de chaleur en février, conduisant à cet épisode de blanchissement comme il n’y en a pas eu depuis l’été austral 1995-1996.
«Les activités humaines fragilisent l’état de santé des coraux en dégradant leur environnement», rappelle la scientifique de l’IRD. L’exploitation des mines de nickel, le prélèvement de ressources marines mais aussi l’urbanisation du littoral et les pratiques agricoles pourraient les rendre plus vulnérables à la surchauffe de l’eau.
Rassurés, les scientifiques constatent néanmoins un affaiblissement général des coraux et craignent de nouvelles surchauffes
Heureusement, le blanchissement n’a pas affecté toutes les espèces ni tous les sites. Trois mois après le début du phénomène, plusieurs espèces avaient déjà récupéré leurs micro-algues symbiotiques. «Sous l’influence océanique, les coraux des stations de la barrière n’ont pas blanchi, sauf à Poindimié (est) et à Ouégoa (nord), où tous les récifs jusqu’au littoral ont été sévèrement atteints» explique Sandrine Job, ingénieure en biologie marine. A la tête d’une association fédérant une quarantaine de plongeurs, partenaire du Réseau d’observation des récifs coralliens (RORC), Sandrine Job collecte les données du blanchissement sur les zones hors Nouméa. Le RORC dispose de 57 stations de suivi disséminées tout autour de l’archipel et positionnées par groupe de trois : une à proximité de la côte, une à distance intermédiaire et une en lisière de barrière interne au lagon
Sans vouloir « minimiser » cet épisode, la biologiste relève cependant qu’il est demeuré assez «limité, avec en moyenne 2 à 5% de coraux blanchis» par site. La scientifique se montre en revanche inquiète de l’arrivée des mois chauds, après une saison fraîche sensiblement plus douce que d’ordinaire. «On n’a pas eu d’hiver ! S’il devait y avoir un nouvel épisode de blanchissement, ça pourrait être critique car les coraux s’affaiblissent».
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