Pionnier de la plongée à Rangiroa aux Tuamotu
Éternel amoureux de la mer, Yves Lefèvre a trempé ses palmes sous presque toutes les latitudes et prend toujours le même plaisir à faire partager ses découvertes…
Rien pourtant ne prédestinait un tel parcours à ce blondinet qui fait ses premières bulles dans les piscines parisiennes. Après un cursus de secouriste à la protection civile et un monitorat de plongée en poche, s’ensuivent quelques errances en mer Rouge, en Indonésie et dans le Pacifique…
Découverte de la biodiversité marine des Tuamotu
Mais c’est à Rangiroa, en 1984 que se crée le déclic. A l’âge de 20 ans, Yves Lefèvre débarque à Rangiroa avec pour tout bagage une tente de camping et déjà plus de huit cents plongées à son actif. Il commence une prospection systématique des fonds sous-marins, explore les passes et inventorie les sites à des profondeurs que les pêcheurs locaux, bien qu’excellents apnéistes ne pouvaient atteindre.
Le plongeur prend alors conscience de l’incroyable biodiversité qui règne sur ces lieux. Subjugué par la concentration exceptionnelle de la faune pélagique, il décide de lancer son activité de guide animalier et ouvre ainsi la voie à la plongée loisir aux Tuamotu.
Rangiroa est donc le premier atoll des Tuamotu à avoir été « colonisé » par les plongeurs dont la fréquentation demeure heureusement encore soutenable pour l’environnement. En quelques années, ses deux passes, Avatoru et Tiputa surtout, se sont imposées dans le top ten des destinations mondiales de plongée.
Rangiroa, le meilleur spot de plongée pour rencontrer les grands prédateurs
Tiputa représente aujourd’hui l’Éverest des plongeurs en quête de sensations fortes et de rencontres avec « le gros ». Les aquanautes viennent des quatre coins des océans pour arpenter la passe et y observer les requins gris de récifs ou « rairas » en tahitien, qui s’y concentrent par plusieurs dizaines jusqu’à former de véritables murs. Cette concentration de squales constitue le clou de l’immersion. Dès le début de la plongée jusqu’à la remontée en surface, le spectacle marin ne comporte aucun temps mort et les séquences s’enchaînent avec l’accueil des grands dauphins (tursiops truncatus) durant la descente dans le bleu et les multiples entrées en scène de bancs de barracudas et de carangues, les danses des raies manta et les envolées de raies léopard… Sans oublier de regarder long du récif frangeant extérieur, où les aquanautes peuvent observer le lot classique de perches pagaie, tortues, napoléons, murènes, balistes et autres poissons écureuil ou chirurgiens…
Le bleu profond des Tuamotu
Que ce soit le long du tombant extérieur ou dans le bleu, dans la passe ou dans le lagon, les plongeurs n’ont pas une minute pour cesser de s’extasier, d’autant que les conditions de plongée sont des plus idéales. Outre la température moyenne de l’eau à 27°C, les fonds marins des Tuamotu sont en effet réputés pour leur luminosité et leur limpidité exceptionnelles. Le bleu des fonds marins des Tuamotu reste gravé à jamais dans les mémoires des plongeurs. Longtemps après, les images de ces rencontres exceptionnelles réapparaissent comme par magie. Il n’est pas exagéré de dire qu’à Rangiroa, un lien particulier semble s’être tissé entre la faune aquatique et les plongeurs, du moins pour les plus attentifs et peut-être les plus illuminés d’entre eux… !
Réaliser des films sous-marins pour sensibiliser
Spécialisé dans l’approche de la faune pélagique, Yves Lefèvre accompagne des photographes et vidéastes sous-marins du monde entier… Des images exceptionnelles ont ainsi été réalisées par les prestigieuses équipes audiovisuelles de la Calypso, du film Atlantis de Luc Besson, ou encore de l’émission Ushuaïa de Nicolas Hulot… Des photographes de renom tel que David Doubilet trempent régulièrement leurs appareils dans les passes pour en immortaliser les rencontres féeriques…
Parades nuptiales et allaitement de cétacés
Si Yves Lefèvre accueille volontiers ses confrères en Polynésie, il n’en a pas moins produit ses propres images au sein de la filiale polynésienne de Cinémarine, dont le président fondateur n’est autre que Christian Pétron, illustre réalisateur et chef opérateur qui a entre autres supervisé les images sous-marines du Grand Bleu.
Yves Lefèvre a ainsi participé en tant que chef opérateur au tournage de documentaires tels que Le lagon des raies Manta, La danse des Baleines, et a notamment tourné de magnifiques images avec Christian Pétron pour Les animaux amoureux de Laurent Charbonnier. Équipés de caméras HD et de recycleurs, les vidéastes ont immortalisé des parades nuptiales magiques de tursiops dans la passe de Tiputa à Rangiroa, ainsi que quelques scènes émouvantes d’allaitement de baleines à bosse à Rurutu, dans les Australes.
« Notre but est de déclencher la fibre écologique des spectateurs. Nous essayons de sensibiliser le grand public par la beauté des images afin de le familiariser avec l’univers marin… Un univers méconnu et fragile qu’il nous faut protéger à tout prix » précise Yves Lefèvre.
Les requins de Polynésie sous haute protection
De par son implication en Polynésie, Yves Lefèvre porte un regard attentif sur le développement du tourisme et sur la préservation des fonds marins. « En plus de 20 ans, le développement économique a exercé une pression non négligeable sur les écosystèmes marins polynésiens. Il y a quelques années, des populations de requins ont été décimées dans certains atolls des Tuamotu. Je salue d’ailleurs l’action efficace du gouvernement polynésien qui a fait interdire le commerce des ailerons de requins malgré un contexte socio-économique difficile. »
Une loi pour interdire le commerce d’ailerons de requins
Depuis le 12 avril 2006, un arrêté interdit la pratique du shark finning dans toute la Polynésie française et du shark feeding dans tous les lagons, les passes et dans un rayon de 1 km centré sur l’axe de la passe. Par ailleurs, le commerce et la détention de tout ou partie de requin, y compris monté en article de bijouterie, sont désormais interdits. Il faut savoir qu’en 2005, près de 7,5 tonnes d’ailerons séchés ont été exportées. Cette loi met donc fin à un massacre intolérable et représente d’ailleurs un exemple qui a été suivi par d’autres destinations de plongée de renom tels que Palau ou les Bahamas.