Sans le rôle tampon des océans face au réchauffement climatique, la vie sur terre serait invivable
D’après les données scientifiques, l’océan a absorbé 93% du réchauffement dû à l’émission de gaz à effet de serre générés par les activités humaines depuis 1970. «Sans cela, il ferait 36 degrés Celsius de plus qu’actuellement sur la terre, ce serait invivable», traduit Carl Gustaf Lundin, directeur du programme marin de l’UICN. Or «70% de la biodiversité se trouve dans l’océan», rappelle-t-il.
Ce rôle de tampon face aux changements climatiques a un coût élevé pour les écosystèmes marins, c’est ce que le réseau de défense de la nature montre dans une volumineuse compilation d’études scientifiques, qu’elle a publié ce lundi 5 septembre. Intitulé Explaining ocean warming: Causes, scale, effects and consequences, le rapport étudie les effets du réchauffement des océans sur les espèces, les écosystèmes et les bénéfices que les océans offrent aux humains. Rédigé par 80 scientifiques originaires de 12 pays, il présente les preuves scientifiques détectables d’impacts sur la vie marine, des micro-organismes jusqu’aux mammifères, et qui sont susceptibles d’augmenter significativement même en cas de scénario à faibles émissions.
Selon Dan Laffoley, vice-président de la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN et l’un des principaux coauteurs, «les changements dans l’océan se font cinq fois plus vite que dans n’importe quel écosystème terrestre». Planctons, algues, invertébrés et poissons ont commencé à migrer, des régions polaires aux régions tropicales. Le réchauffement et l’acidification des eaux ont des conséquences dramatiques sur la reproduction, croissance, nutrition de nombres d’espèces, l’exemple le plus visible et connu étant le blanchiment des coraux. Alors qu’ils représentent l’habitat d’un quart des espèces de poissons, les récifs coralliens devraient être affectés à 100% d’ici à 2050.
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Si l’océan joue un rôle vital pour la planète et les sociétés humaines, il ne représente qu’un aspect marginal des négociations climatiques
Le rapport consacre un chapitre aux impacts de ces mutations sur la santé humaine. «Davantage de chaleur, moins d’oxygène, plus de microbes», résume Dan Laffoley. Avec la fonte des glaces, les passages qui s’ouvrent entre l’Atlantique et le Pacifique vont accentuer la circulation des espèces envahissantes et des virus.
Plus généralement, le rapport met l’accent sur la vulnérabilité des côtes face à la montée du niveau des mers, à l’augmentation de la puissance des tempêtes et à la réduction des barrières de protection naturelles.
Selon les auteurs du rapport il reste beaucoup à faire pour que les sociétés humaines prennent la mesure du «plus grand défi caché de notre génération», et malgré ce constat, les océans ne sont toujours pas considérés comme un acteur majeur au niveau des négociations climatiques.