Lavezzi vitrine de la biodiversité méditerranéenne
Idéalement situé dans une crique abritée au coeur de la zone intégrale de la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, le sentier sous-marin des Lavezzi vaut absolument le détour pour découvrir une faune et une flore saines, diversifiées et colorées qui représentent une véritable vitrine de la richesse de la biodiversité méditerranéenne.
Le sentier sous-marin une activité éducative et ludique
« L’Ă©merveillement est la voie qui mĂšne le plus efficacement vers la sensibilisation » explique le chargĂ© dâĂ©ducation Ă lâenvironnement Ă lâOffice de l’Environnement de la Corse (OEC) avec un enthousiasme communicatif, « le but de cette prestation est de faire dĂ©couvrir aux randonneurs la faune et flore sous-marines dans les meilleures conditions possibles pour les toucher et leur faire comprendre les enjeux de la rĂ©serve« .
Accessible de «8 ans Ă 88 ans», aux dĂ©butants comme aux initiĂ©s, la randonnĂ©e se dĂ©roule entre 2 et 12 mĂštres de profondeur en compagnie d’un guide de l’Office Environnemental de la Corse (OEC) qui identifie les Ă©cosystĂšmes marins Ă lâaide dâune plaquette immergeable et explique les interactions entre les diffĂ©rentes espĂšces rencontrĂ©es. Chaque annĂ©e, entre juin et aoĂ»t, pas moins de 1000 randonneurs participent Ă cette visite palmĂ©e captivante. Ludique et Ă©ducative, la prestation proposĂ©e par lâOEC est gratuite, dure environ une heure et le matĂ©riel (planchette gonflable, masque et tuba) est fourni. Que demander de plus ! La randonnĂ©e est trĂšs prisĂ©e aujourd’hui et notamment par les familles. Face Ă ce succĂšs grandissant, le guide ne peut plus satisfaire toutes les demandes, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© de rĂ©server quelques jours avant auprĂšs de l’OEC.
Une randonnée sous-marine accessible à tous
Quatre Ă cinq randonnĂ©es palmĂ©es sont proposĂ©es chaque jour pendant la saison estivale et les groupes sont volontairement limitĂ©s Ă cinq personnes « afin que tout le monde participe Ă 100% Ă l’exploration » prĂ©cise l’animateur qui malgrĂ© le rythme soutenu ne se lasse pas d’arpenter le sentier, « on y dĂ©couvre Ă chaque fois de nouvelles tĂȘtes et des scĂšnes de prĂ©dation, de dĂ©fense ou de parades nuptiales inĂ©dites ! »
Observation de divers Ă©cosystĂšmes
La mise Ă l’eau se fait Ă partir d’une petite plage de sable fin situĂ©e Ă l’ouest de l’archipel oĂč se trouve le point d’information. Des plaquettes immergeables pour pouvoir identifier les espĂšces rencontrĂ©es sont distribuĂ©es. La tempĂ©rature de l’eau avoisine les 26°C , la visibilitĂ© est optimale et dĂ©jĂ une multitude de poissons multicolores se pressent autour des plongeurs… « Pas de buĂ©e ni d’eau dans les masques ? La balade peut commencer ! »
Le premier parcours se dĂ©roule entre deux et douze mĂštres au-dessus de fonds sablonneux parsemĂ©s de petites roches qui descendent en pente douce. Les plongeurs sont escortĂ©s par une sympathique nuĂ©e de Saupes, Sars et d’Oblades qui ne les quittera pas avant la fin de la promenade.
Des poissons peu farouches
On reste un moment observer les mouvements des tiges qui oscillent avec le courant et découvrent une belle nacre tandis que quelques labres et girelles paon évoluent librement au-dessus de cette large prairie. Nous sommes surpris par le comportement peu farouche des poissons qui se sont habitués progressivement aux homo palmus pourtant peu discrets que nous sommes. Pour les attirer, le guide émet quelques légers claquements de doigts qui font immédiatement effet, le nourrissage étant bien entendu proscrit pour ne pas fausser leurs habitudes alimentaires.
Ă la surface, Jean-Louis nous explique pourquoi les herbiers de posidonie sont menacĂ©s aujourd’hui et combien leur prĂ©servation est essentielle pour assurer la bonne santĂ© des fonds marins mĂ©diterranĂ©ens.
Au-delĂ des herbiers, vers le grand bleu
Pour les apnĂ©istes plus confirmĂ©s, il existe une deuxiĂšme possibilitĂ© qui ne manque pas de piquant. On nous conduit tout d’abord sur un site oĂč se trouvent quelques morceaux d’amphores Ă moitiĂ© enfouis dans le sable. Avec ses Ă©cueils Ă fleur d’eau, l’archipel a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme trĂšs dangereux pour la navigation, en tĂ©moignent les nombreux naufrages recensĂ©s dont celui de la SĂ©millante en 1855 au cours duquel pĂ©rirent 700 hommes. La pyramide commĂ©morative Ă©rigĂ©e au sommet du rocher de l’Achiarino rappelle le caractĂšre indomptable et imprivisible de la mer…
Prendre le temps d’observer les comportements des poissons
Ă quelques coups de palmes vers le large, le site prĂ©sente un vaste plateau sur 15 mĂštres de fond sur lequel s’Ă©rigent plusieurs gros rochers polis de toutes formes. Une configuration trĂšs ludique qui comble les apnĂ©istes les plus confirmĂ©s. Nous suivons notre guide qui nous entraĂźne dans des failles oĂč se croisent des corbs, sars et sĂ©rioles et oĂč quelques congres et langoustes trouvent refuge. L’entrĂ©e est souvent gardĂ©e par d’imposants mĂ©rous un peu trop farouches Ă mon goĂ»t. Avec un enthousiasme intacte comme au premier jour, le guide s’engouffre dans un Ă©troit tunnel qui dĂ©bouche sur une poche dâair naturelle et nous invite Ă le suivre en prenant garde Ă ne pas endommager la flore sur notre passage. D’innombrables surprises nous attendent au dĂ©tour de chaque rocher et notre guide nous en rĂ©vĂšlent chacune d’entre elles avec brio. Ici, une rascasse brune se prĂ©lasse sur un perchoir rocheux dĂ©corĂ© d’Ă©ponges encroĂ»tantes oranger dont elle a pris la couleur pour mieux surprendre ses proies…
Une approche respectueuse de la faune
Les parois des rochers sont ornĂ©es d’oursins, d’Ă©ponges oranger et de padines ivoire entre lesquelles surgit parfois l’adorable tĂȘte d’une blennie curieuse. Ă trop se focaliser sur la vie fixĂ©e, on en oublierait presque de guetter les loups, pageaux, dentis et daurades royales qui surviennent du large sans prĂ©venir… Nullement perturbĂ©s par ce remue-mĂ©nage, les labres, girelles et anthias continuent de butiner sur l’herbier de posidonie. Amateur de chasse sous-marine, le guide connaĂźt les moeurs de chaque espĂšces de poissons et nous fait dĂ©couvrir son magnifique terrain de jeu que nous ne sommes pas prĂȘts d’oublier.
Au-delĂ de ses talents pĂ©dagogiques, le guide aime partager son approche responsable au niveau de la consommation et ses efforts au quotidien pour prĂ©server l’environnement. Et s’il est trĂšs inquiet pour l’avenir de la Grande Bleue, il est convaincu que la dĂ©couverte du sentier sous-marin peut changer le regard que porte le grand-public sur la mer.