Les sentiers sous-marin et botanique de l’îlot de Yeega ont été créés pour faire découvrir aux visiteurs la multitude d’espèces de poissons, coraux et de plantes de cette aire marine protégée (AMP).
Découverte de la biodiversité d’un îlot au coeur du récif calédonien classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité
Situé à 15 minutes de navigation au large de la côte où vivent les tribus de Koulnoué et de Lindéralique, l’îlot Yeega offre les conditions idéales pour s’adonner aux joies de la randonnée palmée. Facilement accessible et protégé des vents dominants et de l’influence des cours d’eau et de leurs sédiments, l’îlot se trouve au coeur de la zone d’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité et concentre différents écosystèmes marins. « Le sentier de Yeega offre une biodiversité exceptionnelle avec une zone sablonneuse, un herbier, des coraux mous et durs… » explique Sébastien Faninoz créateur du sentier et coordonnateur des aires marines protégées dans le Nord-Est au sein du WWF. « Long de 250 mètres, le sentier permet d’évoluer en toute sécurité dans des eux limpides et peu profondes entre 2 à 5 mètres de profondeurs » précise le professeur de biologie, également à l’origine en 2001 du parcours sous-marin de l’île au Canard, située au large de Nouméa et qui rencontre un vif succès. Palmes aux pieds et tuba en bouche, les randonneurs suivent le guide du centre Babou Plongée qui leur donnent des explications sur les espèces rencontrées, sur leur habitat et leurs comportements. Les snorkelers font des aller retours entre la surface et le fond et entre les 5 bouées numérotées qui permettent de découvrir les différents écosystèmes.
La randonnée palmée est idéale pour découvrir la biodiversité exceptionnelle de l’îlot avec une zone sablonneuse, un herbier, des coraux mous et durs
« Ce projet touristique est un bon moyen pour sensibiliser les jeunes à l’environnement et pour les impliquer dans un espace qu’ils devront gérer plus tard », précise Thierry Baboulène, le responsable du centre de plongée de Hienghène qui a assuré une aide logistique au projet et qui propose des sorties aux touristes comme aux scolaires. Chaque année, Sébastien Faninoz organise des inventaires de poissons avec ses élèves du collège de Pouebo. L’aquaguide de Nouvelle Calédonie a ainsi vu le jour pour aider les randonneurs palmés à distinguer les espèces marines. Constitué de 8 plaquettes immergeables, l’aquaguide présente plus de 150 espèces marines présentes sur ce site. Jamais à court d’idées le jeune biologiste marin a également monté un projet de restauration récifale autour de l’îlot. Les élèves ont ainsi récupéré des morceaux de corail brisés et les ont fixés sur des socles en ciment. Ils ont pu ensuite observer et mesurer la poussée du corail.
Fort de son expérience, Thierry Baboulène incite les centres de plongée membres de l’association Nouvelle-Calédonie Plongée, qui regroupe une dizaine de centres du territoire, à créer des prestations de randonnées palmées qui leur permettent de capter une nouvelle clientèle. Le Kunié Scuba Center a ainsi répondu à l’appel et propose depuis peu cette activité sur l’île des Pins, ainsi que le Tieti Diving club à Poindimié.
Découverte de la flore de Yeega
Après la balade palmée sur le sentier sous-marin balisé, la découverte de l’îlot et de ses trésors botaniques s’impose. Il faut un peu moins d’une heure pour en faire le tour, toujours en suivant les explications du guide qui fait découvrir les différentes ceintures végétales présentes sur un îlot corallien et explique les usages de la flore dans la culture kanak tel que le Tamanu du bord de mer ou le faux manguier… « L’îlot Yeega détient le plus grand nombre d’espèces végétales avec plus de 77 espèces recensées » précise Sébastien Faninoz. L’histoire de l’îlot fait également partie de la visite. On y apprend ainsi que c’était le pied-à-terre des pêcheurs qui partaient à pied sur le récif jusqu’à il y a une cinquantaine d’années. Des traces de campement et une vasque pour recueillir de l’eau douce témoignent de ce passé.
Les sentiers sous-marin et botanique de Yeega sont deux nouveaux projets éco-touristiques qui s’inscrivent donc pleinement dans le programme des aires marines protégées dont l’objectif premier est de préserver la biodiversité, de mettre en place des activités écotouristiques et d’associer la populaton locale au processus de gestion et de suivi de l’AMP. « Dans un premier temps, nous avons délimité les aires marines de Pouébo à Touho en tenant compte des habitudes de pêche des habitants et de leur fréquentation des sites » explique Nathalie Baillon, chef aquaculture et pêche à la province Nord, qui a ensuite mis en place un vaste programme de sensibilisation de la population. Une étape nécessaire avant de lancer la création des sentiers qui sont « l’œuvre d’une démarche collective ». Ainsi le WWF, le centre d’initiation à l’environnement, les collectivités locales, les scientifiques, les associations de jeunes et les habitants ont participé à l’aménagement du sentier de Yeega. Des farés d’accueil ont notamment été construits sur l’îlot dans le cadre d’un chantier école par une association de jeunes issus des tribus avoisinantes.
D’après Sébastien Faninoz et Nathalie Baillon, l’idéal à terme serait de former des jeunes localement pour qu’ils deviennent membres du comité de gestion de l’AMP.