Les nouveaux résultats de la Liste rouge des espèces menacées en France, consacrés aux oiseaux, aux mammifères et aux reptiles des TAAF montrent que de multiples menaces pèsent sur l’exceptionnelle biodiversité de ces territoires isolés au bout du monde.
Un tiers des espèces évaluées sont menacées
Une « liste rouge », établie par le Muséum d’histoire naturelle et le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en partenariat avec la collectivité des TAAF, brosse un sombre tableau.
« Sur 98 espèces évaluées, un tiers, soit 32, sont menacées » à des degrés divers, a indiqué à la presse Bernard Cressens, président du Comité français de l’UICN, en présentant cette liste, la première du genre.
Selon la « liste rouge », qui concerne les oiseaux, les mammifères et les reptiles, 10 espèces sur 27 sont menacées sur les îles Éparses, situées autour de Madagascar, 16 sur 58 sur les Terres australes (Crozet, Kerguelen, St Paul, Amsterdam), et 6 sur 13 en Terre Adélie.
Parmi les espèces dans une situation critique, outre l’albatros d’Amsterdam, on trouve notamment la tortue imbriquée, le fou du Cap, le pétrel géant.
D’autres espèces sont « en danger », comme l’orque, le dauphin de Commerson, la tortue verte, et de nombreux oiseaux (phaétons, puffins, sternes, albatros, pétrels).
La « liste rouge » montre que les albatros, manchots, tortues marines et autres animaux subissent l’impact des activités humaines, mais sont aussi menacés par le changement climatique.
Les espèces introduites constituent la première menace
Première menace, « les espèces qu’on a introduites », comme les rats qui, en l’absence de prédateurs naturels, ont parfois « proliféré allègrement », indique M. Cressens.
Des oiseaux marins comme le pétrel gris dans les Terres australes, considéré comme « en danger », sont ainsi victimes des rats qui se nourrissent des œufs et des oisillons. L’homme « a une grosse responsabilité » concernant les espèces introduites (rats, mais aussi chats, lapins, chèvres).
Un autre « grande menace » est la pêche à la palangre, de nombreux oiseaux étant piégés par ce système de corde munie d’hameçons. Cette pêche menace notamment l’albatros d’Amsterdam, qui ne niche que sur l’île d’Amsterdam et dont « on dénombre moins d’une cinquantaine de couples reproducteurs », selon les auteurs de la « liste rouge&nbso;». Des dauphins, comme le globicéphale tropical, peuvent aussi être piégés.
Par ailleurs, « de nouvelles maladies », comme le rouget du porc et le choléra aviaire, ont provoqué des mortalités importantes chez les jeunes de plusieurs espèces d’oiseaux marins.
Enfin, « le changement climatique est à l’œuvre », souligne M. Cressens, transformant les habitats naturels et les zones d’alimentation.